Entretien avec Hervé Madaya, Directeur de la collection « Madingwa » chez Afredit
Une collection essentiellement dédiée à la romance, c’est une nouveauté en Afrique centrale. C’est le pari que s’est lancé la maison d’édition camerounaise Afredit, avec sa nouvelle collection « Madingwa », qui signifie « je t’aime » en langue Ewondo, qui a très bien démarré avec le premier roman « Mon numéro 9 national », d’Olive Aboula.
Afrolivresque s’est entretenu avec d’Hervé Madaya, directeur de cette initiative innovante.
La collection « Madingwa », collection de romans d’amour créée aux Éditions Afredit et dont vous êtes le responsable, a été lancée le 16 mars dernier à Yaoundé à l’Institut français du Cameroun. Comment le public a-t-il accueilli cette nouvelle collection ?
Hervé Madaya : Bien sûr, la collection Madingwa a été très attendue, tant nous en avions parlé ; elle est très observée par la critique. Le premier roman a été présenté, décortiqué, et Dieu merci, le retour qui nous est fait est très encourageant. Lorsque, au sujet de « Mon numéro 9 national », ce chef-d’œuvre, nous entendons dire : « Quand on commence à le lire, on ne veut plus le lâcher… », nous pensons que nous avons accroché notre cible. Les plus exigeants trouveront certainement des manquements à cette première parution, mais croyez bien que tout est mis en œuvre autour de Madingwa pour un résultat optimal.
Que promettez-vous au lecteur avec la collection « Madingwa » et à quel public s’adresse-t-elle ?
Hervé Madaya : Ces romans fins et colorés s’adressent prioritairement à la jeunesse africaine. Et ensuite à tous ceux qui aiment lire, puisqu’à travers eux des étrangers pourront se faire une idée des relations sentimentales entre nos jeunes, et découvrir nos mœurs et notre environnement ; par eux nous irons nous-mêmes à la découverte d’autres pratiques, dans notre continent que nous connaissons mal ou pas du tout, compte tenu de ses multiples facettes. À nos lecteurs, nous promettons de belles histoires d’amour, avec un accent sur les traditions qui influencent nos relations amoureuses, dont les protagonistes seront des personnages auxquels ils pourront s’identifier, puisque inspirés par leur environnement immédiat.
« Mon numéro 9 national » d’Olive Aboula, premier titre de cette collection, est une histoire d’amour entre un footballeur camerounais de renommée internationale et une jeune activiste qui tente de sauver son propre journal de la faillite. Pourquoi avez-vous porté votre choix sur ce livre en particulier pour lancer la collection ?
Hervé Madaya : Evidemment parce qu’il raconte une belle histoire qui promeut la dignité de la jeune fille africaine, son dynamisme, son audace et l’auto-emploi, à une époque où sortent des grandes écoles, les jeunes ne peuvent plus s’attendre à être tous employés par la fonction publique, qu’ils soient camerounais, gabonais, maliens, sénégalais et j’en passe ; ce livre raconte un amour pur et vrai, entre deux jeunes gens qui s’en sortent grâce à leur créativité et à la force de leurs bras. Mais en plus d’être captivant, je dois reconnaître que « Mon numéro 9 national » est un roman qui colle à une certaine actualité. Mais a-t-il été inspiré par celle-ci ? Je vous laisse le soin d’en juger par vous-mêmes après l’avoir lu.
La distribution et la diffusion sont des freins majeurs dans l’industrie du livre au Cameroun et en Afrique en général. Comment comptez-vous atteindre vos lecteurs en dehors des grandes villes camerounaises et même au-delà du pays ? Comment se procurer les livres de « Madingwa » à l’international ?
Hervé Madaya : Pour atteindre l’objectif de distribution/diffusion de nos livres à l’international, nous avons une plateforme internet (www.afredit.com) qui annonce toutes nos nouvelles parutions et offre la possibilité aux lecteurs de passer commande en ligne. Nous comptons, dans les prochains jours, investir le champ du livre numérique. Ce qui pourra alors pallier certaines contraintes liées au transport, et réduire de fait nos coûts de production. Il est vrai que la plupart des grands distributeurs avec qui nous travaillons sont concentrés dans les grandes villes, mais des sociétés de messagerie œuvrent pour la distribution de nos produits. Sans oublier que nos commerciaux présents dans des zones reculées se chargent d’enregistrer les commandes et de les acheminer vers les libraires ou vers les consommateurs directs. Madingwa, n’échappe pas à ce circuit de distribution.
La maison d’édition Afrédit est détenue par le propriétaire de Afriland First Bank et de la chaîne de télévision Vox Africa. Ce sont là deux atouts importants pour une meilleure distribution et diffusion de vos productions, notamment dans le secteur numérique avec l’e-commerce, et dans la multiplication de campagnes marketing et de communication sur votre catalogue. Quelles difficultés rencontrez-vous sur le terrain et quels sont vos futurs projets dans ce sens ?
Hervé Madaya : Les difficultés majeures auxquelles sont confrontés Afrédit et la plupart des éditeurs camerounais résident à la queue de la chaîne éditoriale, c’est-à-dire à la diffusion et à la commercialisation. En effet, dans le secteur de l’édition dans notre pays, il est très difficile de réaliser des grosses ventes parce que, d’une part, très peu de personnes de manière générale s’intéressent à la lecture et préfèrent se tourner vers les médias de masse comme la télévision ou la radio, et parce que d’autre part, le pouvoir d’achat des consommateurs est bas. Le livre lui coûte relativement cher, du fait des coûts élevés des intrants (papier, encre, rotatives, …) nécessaires à sa production. Toutes ces causes réunies font qu’il devient très difficile de mettre de gros moyens dans la publicité, la rentabilité étant incertaine. Afriland Firt Bank et Vox Africa nous aident-ils à solutionner ces problèmes ? Certainement. Nous continuerons à huiler ce partenariat afin d’améliorer nos performances sur le plan du marketing physique et bientôt numérique.