« Mémoire entre deux rives » est un documentaire de 90′ de Wolimité Sié Palenfo et Frédéric Savoye produit par Mosaïque Films. Le documentaire retrace la colonisation française en Pays Lobi.
« Lorsque les blancs sont arrivés, les Lobi se sont réfugiés dans les collines pour tenter de leur échapper. Un jeune a fait une crise d’épilepsie. Les blancs l’ont tué, lui ont coupé la tête et l’ont mise à bouillir dans une marmite. »
Des récits comme celui-ci, tous les Lobi en connaissent.
SYNOPSIS
Mémoire entre deux rives suit les traces de la colonisation française du Pays Lobi. Dans cette région, située au sud-ouest du Burkina Faso, il n’est pas un village, pas une famille qui ne se souvienne… Confrontée aux documents d’archives des administrateurs, la tradition orale permet de remonter près d’un siècle d’histoire, depuis l’arrivée des premiers blancs jusqu’à nos jours. Cette parole témoigne également des conséquences individuelles, sociales ou religieuses de cette histoire douloureuse. Du passé au présent, de la parole vivante aux écrits des administrateurs coloniaux, Mémoire entre deux rives est autant une quête sur l’identité Lobi qu’une réflexion sur la « France Civilisatrice ».
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Frédéric Savoye et Wolimité Sié Palenfo
Image : Sylvain Grolleau
Son : Constantin Da
Montage : Frédéric Savoye DVCam, 2002, 90mns
Produit par : Thomas Schmitt/Mosaïque Films
Coproduction : Cityzen TV & Mosaïque Films
Contact : mosaique.films@noos.fr
Frédéric Savoye, réalisateur français, l’un des 2 réalisateurs du documentaire « Mémoires entre deux rives », a fait plusieurs voyages en pays Lobi afin de s’immerger de cette culture. Pour la réalisation de ce film, il s’est appuyé sur les travaux de l’historienne Jeanne-Marie Kambou-Ferrand, l’une des rares historiennes à avoir fait des travaux sur les Lobi.
« A travers ce film, mon souhait était de faire entendre cette parole avant qu’elle ne soit définitivement tue et enterrée. Le temps efface les preuves matérielles de l’époque coloniale. Les » vieux « , dépositaires de cette mémoire, disparaissent sans laisser de trace. Les nouvelles générations se détournent d’une histoire qui contrarie l’idée qu’ils se font de l’Occident. La France ne se souvient que de ceux qui ont combattu dans ses rangs en remettant un peu d’argent à l’association des anciens combattants…
Néanmoins les empreintes du passé résistent. Elles émergent à la surface d’un monde écartelé entre tradition et modernité, dans un » entre-deux » où la mémoire d’un peuple, et peut-être son avenir, menace de s’abîmer ».
Frédéric Savoye au Festival Clap noire (2002)
Wolimité Sié Palenfo est Burkinabé et le deuxième réalisateur de ce très beau film-documentaire. Il considère « Mémoire entre deux rives » comme une réponse à son père, qui était rétissant à lui transmettre leur culture, sous le prétexte qu’il était allé à « l’école du blanc ». Mais c’est aussi, selon lui, une contribution à l’émergence d’une histoire Lobi vue par les Lobi.
« La colonisation a laissé de profondes empreintes. L’existence encore effective aujourd’hui du serment des Deux Bouches en est une preuve. Il en est d’autres que nous avons voulu faire émerger, soit de l’oubli, soit du non dit. C’est en sillonnant les villages, à la rencontre des anciens, mais aussi des enfants, que nous avons ouvert le champ de nos investigations.
Le témoignage ne s’arrête pas à la parole : outre les chants et les contes, la sculpture apporte un précieux éclairage sur cette période. En tant que sculpteur, j’ai souhaité privilégier cette piste. La sculpture au pays lobi joue activement en faveur de notre culture : elle constitue un lien direct avec les ancêtres. A ce titre, elle nous relie avec la mémoire de ceux qui ont combattus les colons. Mémoire entre deux rives entend faire écouter ces » bois parlants « , par l’entremise des sculpteurs ou des adorateurs ».
au Festival Clap noire (2002)
Le « Pays Lobi », situé au sud-ouest de l’actuel Burkina Faso, est peuplé par les Lobi, peuple qui se caractérise par leur résistence à toute forme d’autorité centralisée et par leur esprit guerrier. Les décisions y sont prises par un collège constitué de tous les chefs de familles. La cohésion du peuple Lobi est entretenue par des croyances animistes, entre autres le culte déesse Terre et le culte des ancêtres.
Livre en téléchargement gratuit
L’image est-elle un outil de la recherche pour l’historien, l’anthropologue, l’archéologue, le géographe, l’économiste ? Depuis toujours, l’image est pour certains à la base de la méthode d’observation et d’analyse et donc d’une construction du réel; pour d’autres, elle est au mieux un élément d’illustration d’un travail achevé, quand elle n’est pas complètement superflue. Les auteurs ont voulu prendre ici le pari de lancer une interrogation sur le statut de l’image dans le travail d’un groupe de chercheurs et d’universitaires réunis par un même champ d’intérêt, la recherche dans le domaine des sciences sociales en « pays lobi » (Lobi-Birifor-Dagara) du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Ghana. Plus de 50 chercheurs originaires d’Afrique de l’Ouest et d’un grand nombre de pays européens se sont réunis pendant une semaine dans le principal pays concerné, à Ouagadougou au Burkina Faso, pour aborder sous cet éclairage particulier des domaines très divers (histoire, religion, art, économie, développement). Cet ouvrage donne un aperçu de l’état des recherches et de la très riche documentation iconographique (photographies, films, vidéo, dessins) couvrant près d’un siècle, réunie à cette occasion et qui a servi de « matière » aux débats. (Résumé d’auteur).