Bernard Dadié est l’auteur d’inoubliables classiques africains comme Climbié, Les Belles histoires de Kacou Ananze l’Araignée ou Le Pagne Noir. Qui au cours de son cursus dans une école d’Afrique francophone n’en a pas lu au moins un ?
Bernard Dadié, cet écrivain ivoirien dont les extraits des œuvres faisaient trembler les petits écoliers africains devant leurs cahiers au moment de la dictée.
Bernard Dadié, ce poète engagé dont les textes révèlent un attachement intemporel à l’Afrique, malgré l’influence de la colonisation qu’il décrit tout au long de son œuvre littéraire :
« Je vous remercie mon Dieu de m’avoir créé Noir
Le blanc est une couleur de circonstance
Le noir, la couleur de tous les jours
Et je porte le Monde depuis l’aube des temps
Et mon rire sur le Monde, dans la nuit, crée le Jour.»*
En tant qu’homme politique, Bernard Dadié a servi son pays, la Côte d’Ivoire, notamment en contribuant à son indépendance, puis en le servant comme ministre des Affaires culturelles de 1977 à 1986. Il a largement promu les arts africains, notamment en créant le Cercle Culturel et Folklorique de la Côte d’Ivoire en 1953.
Plusieurs fois lauréat de différents prix et honoré par plusieurs distinctions, le baobab africain, aujourd’hui centenaire, est le premier lauréat du premier prix UNESCO-UNAM/Jaime Torres Bodet* en sciences sociales, humanités et arts, qui lui a été décerné par madame Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO. La cérémonie de remise du prix s’est déroulée ce jeudi 11 février 2016 au palais de la culture d’Abidjan-Treichville, en présence du ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman. À cette occasion, la main de l’écrivain a été moulée dans du bronze par une artiste.
À propos de cet homme exceptionnel né en 1916 dans l’ancienne colonie de Côte d’Ivoire, Nicole Vincileoni (auteure de Comprendre l’œuvre de Bernard B. Dadié, Les Classiques Africains, 1986) dira : « Le Vieux a eu l’âge du siècle où il est né, comme il a, aujourd’hui, celui du XXIe siècle qui vient de naître ».
Pour la mémoire littéraire africaine, et considérant qu’il n’existe pas de dépositaire plus vénérable que cet écrivain passionné qui a traversé trois siècles, Afrolivresque a voulu rendre hommage à ce monument vivant, appelé à juste titre « le père de la littérature ivoirienne », que l’UNESCO récompense aujourd’hui pour avoir été une « figure emblématique dans l’histoire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, référence incontournable dans le domaine littéraire et artistique, qui a toujours œuvré de telle façon à défendre la culture africaine, ainsi que l’héritage panafricain. »Dans son œuvre toute entière, Bernard Dadié n’a de cesse, tout en évoquant la culture africaine dans sa réalité quotidienne, de suggérer le rôle moteur du Peuple Noir pour toute l’Humanité.
La littérature africaine lui doit un nouveau genre littéraire. En effet, avec les publications suivantes:Un Nègre à Paris (1959), Patron de New York (1964), et La Ville ou nul ne meurt (1968), Bernard Dadié créa les chroniques.
*Extrait de Je vous remercie mon Dieu (vers 32 à 36)
**Le prix UNESCO-UNAM/Jaime Torres Bodet comprend, en plus du parchemin, une enveloppe de 50.000 dollars US (environ 25 millions de FCFA).
Bibliographie:
Autobiographie
Climbié (1953) Paris: Seghers.
Carnet de prison (1984); Abidjan: 1949-1950
Chroniques
Les Villes (1933)
Un Nègre à Paris (1959) Paris: Présence africaine.
Patron de New York (1956) Paris: Présence africaine.
La Ville où nul ne meurt (1968) Paris: Présence africaine.
Scénarios
Monsieur Thôgô-Gnini (1970) Paris: Présence africaine.
Mhoi cheul (1979) Paris: Présence africaine.
Béatrice du Congo (1995) pièce en 3 actes. Paris: Présence Africaine.
Poésie
Afrique debout (1950) Paris: Présence africaine.
La Ronde des jours (1956) Paris: Seghers.
Hommes de tous les continents (1967) Paris: Présence africaine.
Nouvelles
Légendes africaines (1954) Paris: Seghers.
Le Pagne noir (1955) Paris : Présence Africaine.
Commandant Taureault et ses nègres (1980)
Les Jambes du fils de Dieu (1980) Abidjan, Paris: Ceda / Hatier
Articles
Le Sens de la lutte (1949)
Les Belles histoires de Kacou Ananze l’Araignée