Aux origines de « L’Histoire générale de l’Afrique »
En 1964, L’UNESCO rassemble au sein d’un projet dirigé par un comité scientifique, plus de 230 historiens et spécialistes, dont les 2/3 sont africains, pour relever le défi colossal de réécrire l’Histoire de l’Afrique qui souffrait de préjugés issus de la colonisation et raciaux. C’est ainsi que naquît le projet d’écriture de « L’Histoire générale de l’Afrique » qui aboutit à la publication de 8 volumes constitués de milliers de pages, traduits en 13 langues notamment en anglais, en français, en espagnol et en arabe, mais aussi dans trois langues africaines dont le kiswahili et le hawsa.
Ce projet d’écriture représente plus de 35 années de travail et constitue une contribution majeure à la connaissance de trois millions d’années d’histoire et d’historiographie africaines. Ces livres relatent l’histoire de l’Afrique depuis les origines de l’Humanité jusqu’aux lendemains des indépendances.
Présentation du projet par Bethwell Allan Ogot
La Conférence générale de l’UNESCO, à sa seizième session, a demandé à son Directeur général d’entreprendre la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique. Ce travail considérable a été confié à un Comité scientifique international créé par le Conseil exécutif en 1970.
Aux termes des statuts adoptés par le Conseil exécutif de l’UNESCO en 1971, ce Comité se compose de trente-neuf membres siégeant à titre personnel et nommés par le Directeur général de l’UNESCO pour la durée du mandat du Comité.
La première tâche du Comité était de définir les principales caractéristiques de l’ouvrage. Il les a définies comme suit à sa première session :
Tout en visant à la plus haute qualité scientifique possible, l’Histoire générale de l’Afrique ne cherche pas à être exhaustive et est un ouvrage de synthèse qui évitera le dogmatisme. A maints égards, elle constitue un exposé des problèmes indiquant l’état actuel des connaissances et les grands courants de la recherche, et n’hésite pas à signaler, le cas échéant, les divergences d’opinion. Elle préparera en cela la voie à des ouvrages ultérieurs.
L’Afrique est considérée comme un tout. Le but est de montrer les relations historiques entre les différentes parties du continent trop souvent subdivisé dans les ouvrages publiés jusqu’ici. Les liens historiques de l’Afrique avec les autres continents reçoivent l’attention qu’ils méritent et sont analysés sous l’angle des échanges mutuels et des influences multilatérales, de manière à faire apparaître sous un jour approprié la contribution de l’Afrique au développement de l’humanité.L’Histoire générale de l’Afrique est, avant tout, une histoire des idées et des civilisations, des sociétés et des institutions. Elle se fonde sur une grande diversité de sources, y compris la tradition orale et l’expression artistique. L’Histoire générale de l’Afrique est envisagée essentiellement de l’intérieur. Ouvrage savant, elle est aussi, dans une large mesure, le reflet fidèle de la façon dont les auteurs africains voient leur propre civilisation. Bien qu’élaborée dans un cadre international et faisant appel à toutes les données actuelles de la science, l’Histoire sera aussi un élément capital pour la reconnaissance du patrimoine culturel africain et mettra en évidence les facteurs qui contribuent à l’unité du continent. Cette volonté de voir les choses de l’intérieur constitue la nouveauté de l’ouvrage et pourra, en plus de ses qualités scientifiques, lui conférer une grande valeur d’actualité. En montrant le vrai visage de l’Afrique, l’Histoire pourrait, à une époque dominée par les rivalités économiques et techniques, proposer une conception particulière des valeurs humaines.
Le Comité a décidé de présenter l’ouvrage, portant sur plus de trois millions d’années d’histoire de l’Afrique, en huit volumes comprenant chacun environ huit cents pages de textes avec des illustrations, des photographies, des cartes et des dessins au trait.
Pour chaque volume, il est désigné un directeur principal qui est assisté, le cas échéant, par un ou deux codirecteurs.
Extrait de la présentation du projet
par Bethwell Allan Ogot 8 août 1979
Président du Comité scientifique international
pour la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique
« L’Histoire générale de l’Afrique » aujourd’hui
La seconde phase de ce gigantesque projet est en cours depuis 2009 et consiste à concevoir des outils pour l’utilisation pédagogique de « l’Histoire générale de l’Afrique » qui a, jusqu’à ce jour, mobilisé plus de 350 historiens issus de différentes disciplines (histoire, linguistique, anthropologie, musicologie, archéologie, etc.) A cet effet, un Comité scientifique pour l’utilisation pédagogique du corpus de livres, dirigé par l’historien Elikia M’Bokolo, a été mis sur pieds.
Soulignons que les 8 volumes (un neuvième volume est actuellement en cours d’écriture) demeurent paradoxalement encore largement méconnus des enseignants, des étudiants et du grand public, même en Afrique, et des diasporas africaines.
Mobilisation internationale pour la promotion de « L’Histoire générale de l’Afrique »
La radio RFI programme 52 émissions sur le projet
France Médias Monde (qui regroupe les médias français internationaux Radio France Internationale, France 24 et Monte Carlo Doualiya) ont signé un accord de coopération éditoriale avec l’UNESCO le 25 janvier 2016 pour la diffusion de programmes exclusivement consacrés à ce projet dans le cadre de l’émission « Mémoire d’un continent ». Dès le 7 février prochain, 52 numéros de l’émission reconfigurée pour l’occasion, seront diffusés chaque dimanche sur RFI, entre 16h10 et 16h30 sur RFI (heure de Paris) et présentés par l’historien Elikia M’Bokolo.
Zeinab Badawi de la BBC traduit « L’histoire générale de l’Afrique » en images vidéo
Une série de 6 films documentaires d’environ une heure chacun sera réalisée par la célèbre journaliste de la BBC. Pour cela, un partenariat entre l’UNESCO, Kush Productions et l’OCP (Groupe phosphatier marocain) a été établi en janvier 2015.
Une Coalition des Artistes
Le 7 octobre 2015, pour soutenir la promotion de l’ouvrage de référence qui reste peu connu du grand public, une Coalition internationale d’artistes est lancée par l’UNESCO, afin de promouvoir et rendre accessible à la jeunesse africaine et au public en général cette oeuvre monumentale. Le porte-parole de cette coalition est le musicien congolais Ray Lema.
En définitive, l’Histoire générale de l’Afrique est une oeuvre monumentale, qui a une portée historique sans précédent pour toute l’Humanité, et dont le contenu mérite toute l’attention notamment des Africains et des Afro-descendants, en particulier à des fins de transmission intergénérationnelle.
La rédaction