Les 5 Finalistes du Prix Ahmadou Kourouma 2024

par Acèle Nadale
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Prix Ahmadou Kourouma 2024

La sélection pour le Prix Ahmadou Kourouma 2024 reflète un éventail de thématiques et de styles narratifs, allant de l’exploration des identités et des mémoires à la peinture des défis sociopolitiques et culturels contemporains.

1- Bessora : Vous, les ancêtres (J.C. Lattès)

 

Résumé :

La destinée d’une femme, orpheline, boiteuse, esclave qui rêve pour elle et les siens d’un royaume.

1684, région des Cornouailles. À seize ans, Jane se retrouve accusée de vol et est déportée aux Amériques pour être vendue. Celle qui était l’orpheline au narcisse, la fille non désirée, la boiteuse, devient l’esclave blanche. Durant ces années d’exil, elle découvre dans la Bible un verset qui promet une descendance puissante à une boiteuse affligée. Elle ?
1848, Paris. Johann part pour le Gabon à la recherche des gorilles. Là-bas, il découvre un secret qui le relie à une dynastie de boiteux qui traversent les temps et les mondes pour se délivrer de chaînes invisibles.
Entre ces deux époques, c’est toute une fresque familiale étonnante que tisse Bessora. Elle explore avec la même grâce la vérité de l’Histoire et le réalisme magique.

 

2- Charline Effah : Les femmes de Bidibidi (Emmanuelle Collas)

 

Résumé :

Après la mort de son père, Minga apprend que sa mère, Joséphine, a disparu dans des circonstances mystérieuses en Afrique de l’Est, où elle travaillait pour une ONG. Pour tenter d’en savoir plus, elle se rend dans le camp de Bidibidi, au nord de l’Ouganda, où vivent les populations fuyant la guerre civile qui fait rage au Soudan du Sud. Elle découvre que tout tourne autour d’une femme : Rose, dont la mémoire hante chaque recoin du camp. Si elle veut savoir le fin mot de l’histoire, Minga doit trouver Rose.

Avec Les Femmes de Bidibidi, Charline Effah raconte comment les survivantes des violences domestiques ou des viols de guerre tentent de se reconstruire et réinventent l’amour loin de la brutalité des hommes qui les ont mal aimées. Brisant les tabous, elle nous livre un roman bouleversant et universel sur le corps des femmes. Le roman de la réparation.

Charline Effah est née au Gabon. Aujourd’hui à Paris, cheffe d’entreprise le jour, elle écrit la nuit. Pour Les Femmes de Bidibidi, Charline s’est rendue sur place au nord de l’Ouganda.

 

3- Balla Fofana : La Prophétie de Dali (Grasset)

 

Résumé :

Balla voit son monde s’effondrer lorsque son père abandonne subitement la concession familiale. Jusqu’alors, lui et ses amis jouaient, insouciants, dans la brousse de l’Ouest malien. Souhaitant garantir un avenir à ses enfants, sa mère quitte le village et emmène sa progéniture de Kayes à Bamako et de Bamako à Paris. Arrivé dans une France froide et inhospitalière, Balla ne connaît rien des codes de ce nouveau pays et devient, à six ans, la risée de son école et bientôt de toute sa famille. Squattant chez les uns chez les autres, l’enfant nomade se plonge dans le mutisme et rêve secrètement de revoir son père. Dali, une griotte qui pratique l’art de la divination, prédit un avenir radieux à l’élève parqué dans une classe destinée “aux enfants arriérés ». Depuis, le petit garçon est obsédé par l’intelligence et l’acquisition de la connaissance. Mettra-t-il fin au désespoir de sa mère qui l’emmène de force dans ses cours d’alphabétisation pour essayer de le sortir d’affaire ? Parviendra-t-il à se faire une place dans sa fratrie qui ne croit pas en lui ? La prophétie de Dali se révélera bien plus qu’une simple chimère…

Dans une langue aussi imagée qu’enjouée, Balla Fofana nous livre un très beau premier roman, largement inspiré de sa propre histoire. Il y raconte l’exil à hauteur d’enfant, la violence sourde qu’il engendre, mais surtout la force d’une femme, sa mère, à laquelle il rend un magnifique hommage.

 

4- Libar M. Fofana : Un arc-en-ciel dans les ténèbres (Gallimard | Continents noirs)

 

Résumé :

5- Mahmoud Soumaré : Terre des sans-patrie (Les classiques Ivoiriens)

 

Terre des sans-patrie de Mahmoud Soumaré

Résumé :

… Je sus surtout, ce jour-là, que j’allais repartir avec de nombreuses revues et qu’ensuite je me rendrais avec allégresse chez Maximilien, l’homme apparemment muet.

Etait-il un bègue qui préférait se taire? Cette question, je continuais de me la poser avant d’avoir lu que Méditer, c’est combattre ce qui nous rend inhumains.

Maximilien méditait à tout moment.

Sa tête aux contours singuliers et toujours bien pointée vers le ciel et son profond silence lui conféraient une allure d’extra-terrestre en permanente communion avec le monde quantique. Des femmes seraient horrifiées de m’entendre dire que cet homme me plaisait, que son sourire indescriptible me fascinait. Je me fis la promesse de revenir le revoir une autre fois, d’autres fois, en temps normal, non parce que je voyais en lui un homme à épouser et avec qui je pourrais faire un long et paisible chemin, mais parce que je ne cessais de me dire qu’en temps de répit dans le combat quotidien que je menais pour la survie de mes cinq enfants et de tous les enfants du Ravin, ce sachant pourrait m’apprendre à devenir plus forte, à demeurer debout, rationnelle et généreuse dans mon monde physique désarticulé où, en mon sens, tout devait s’articuler pour qu’il n’y ait ni apatride ni pauvre détenteur de patrie…

Le Prix Kourouma est un prix littéraire suisse créé en 2004 et décerné annuellement par le Salon international du livre et de la presse de Genève. Il porte le nom de l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma et récompense un auteur d’expression française, africain ou d’origine africaine de l’Afrique subsaharienne, pour un ouvrage de fiction – roman, récit ou nouvelles – qui reflète l’esprit d’indépendance, de lucidité et de clairvoyance, en accord avec l’héritage littéraire et humaniste de Kourouma.

 

Le jury du Prix Ahmadou Kourouma est composé de personnalités telles qu’Isabelle Rüf, critique littéraire pour Le Temps, qui en est la présidente, et Romuald Fonkoua, professeur des universités et Directeur du Centre International d’Études francophones (CIEF) à l’Université Paris-Sorbonne, qui en est le vice-président.

À leurs côtés, Timba Bema Écrivain, poète et slameur, Isabelle Chariatte, autrice et professeure à l’université de Bâle – Faculté des lettres et des sciences humaines, Christine-Le-Quellec-Cottier, Professeure titulaire UNIL – Faculté des Lettres Section de français, littératures francophones et Valérie Marin La Méslée, Journaliste littéraire au service culture du Point, collaboratrice du site Le Point Afrique, et autrice.

Le Prix Ahmadou Kourouma est doté d’une somme de 5000 francs suisses. La cérémonie de remise du prix pour l’année 2024 aura lieu le vendredi 8 mars à 18h30, dans le cadre du salon du livre de Genève. En 2023, l’autrice franco-rwandaise Beata Umubyeyi Mairesse a remporté le prix pour son roman Consolée publié aux éditions Autrement.

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