L’auteur
L’auteur, Mouhamadou Falilou Dioum, est un ingénieur statisticien économiste né en 1989. Passionné d’histoire et de littérature, marqué par son passage à l’université où il a rencontré différents personnages qui lui ont inspiré son histoire, il signe avec « Ma fille » son premier roman. Une œuvre de 147 pages reparties en 09 chapitres dont les titres traduisent bien l’évolution d’une histoire débutée sur un accent de réprimande.
L’histoire
« Je me souviens de tout« . Tout commence par ces premiers mots qui annoncent un réquisitoire contre l’apathie en général. L’auteur en décrira les contours au gré du roman. Sous des abords socioculturels, le personnage central, Youssouf, décrira, dans un premier temps, la passivité d’un peuple face aux souffrances d’une enfant dont la seule faute avait été d’avoir été « trahie par son corps » (p.12). Abandonnée par sa famille, en proie aux affres d’un mariage forcé, la mère de Youssouf avait tenté de fuir sans succès une destinée lugubre. « Arrachée de son innocence » (p.12) et livrée au « fétide jeu d’un harem dont le seul prix était celui de la meilleure esclave » (p.13), la petite fille deviendra une femme forte dont le courage traversera les générations. « C’est d’elle, ma fille, que j’ai appris le courage » (p.18). Youssouf qui aura tout appris de sa mère, deviendra également père… père adoptif pour être précis.
Dans une communauté estudiantine où différentes personnalités s’entremêlent et s’imprègnent les unes des autres, laissant le lecteur confus, à mille lieux de l’histoire centrale, le narrateur entraîne le lecteur à la découverte du Sénégal sous toutes ses coutures : classes sociales et religions.
»Pardonne moi si, délaissant ton histoire, je te parle de mes propres impressions, de mes sentiments sur les faits parfois magnifiques, parfois terribles, mais toujours riches qui ont précédé ta venue au monde. » (p.11).
Ainsi, sur un ton mélancolique, fortement empreint de pudeur et « de subjectivité » (p.53), le narrateur pour parler à sa fille adoptive de ses parents biologiques et de la raison pour laquelle elle avait été adoptée, revient sur l’histoire de son pays, sa vie estudiantine avec ses « frères de fortune ». Le roman se termine sur une touche d’émotion palpable et sincère qui permet de prendre conscience qu’un parent adoptif est avant tout un parent.
L’écriture
Dans un style non épuré, compliqué de par les multiples changements de temporalité, l’auteur relate l’histoire à sa fille. La prose abondante et saccadée peut être attribuée à l’envie de l’auteur d’assurer une transcription compréhensible des us et des coutumes sénégalaises.
Mon avis
Ce roman est amorcé par une sincère émotion et plusieurs leçons de vie qui nous tiennent continuellement en haleine et dont la fin marque le paroxysme. Malgré la noyade dans le folklore sénégalais et quelques anecdotes superflues, Ma fille de Mouhamadou Falilou Dioum sorti en 2016 chez L’harmattan-Sénégal, reste un roman qui fait passer un beau message aux enfants adoptés.