No Home de Yaa Gyasi : Un pur bijou qui nous interpelle sur notre devoir de mémoire

par Nicole Njine
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[Vidéo] Yaa Gyasi présente son premier roman “No Home”.

Yaa Gyasi, est née au Ghana en 1989 et a immigré aux États-Unis avec sa famille à l’âge de deux ans. No Home, qui connaît un succès mondial, est en quelque sorte le fruit de sa quête personnelle de son identité, à laquelle son séjour au Ghana de l’été 2009 apporte des réponses. 

No Home, c’est aussi l’histoire de la lignée de deux sœurs dont la séparation se scelle une nuit de feu ; c’est l’histoire d’un peuple, de sa culture, ses us et coutumes et sa survie avant, pendant et après l’esclavage ; c’est le voyage dans trois siècles de l’histoire du peuple africain : des peuples Ashanti et Fanti de la Côte de l’Or aux Afro-américains d’Amérique.

Les visages de l’esclavage y sont présentés avec une indéniable honnêteté. L’esclavage, une activité économique, qui au commencement est un privilège de guerre ethnique et par la suite devient un commerce mondial. Yaa Gyasi use brillamment de son talent d’écrivain pour en dénoncer les conséquences sur l’humain en tant qu’individu, sur une famille, un village ou un peuple, et son impact sur les sociétés africaines et américaines esclavagistes, jusqu’à l’abolition.

Parmi les différents personnages, on rencontre les esclaves de fait et l’homme légalement libre qui se débat dans son propre enfermement. Tour à tour, nous voyons les descendants d’Esi l’esclave, et d’Effia l’épouse du commandant du fort aux esclaves, évoluer en parallèle sur deux continents que tout oppose, chacun luttant contre sa forme de servitude. L’une est imposée aux uns, exilés loin de leur terre natale, et l’autre est subie par les autres, victimes de leur héritage familial. Dans ce dernier cas, Yaa Gyasi appelle le lecteur à la liberté au travers de ses personnages : « Sois libre », comme un cri jaillit du fond des entrailles d’une mère à son fils, une invitation à être et non à exister.

À travers la vie de la descendance d’Esi, l’auteure raconte l’exil forcé, la vie dans les champs de coton, l’Amérique esclavagiste et abolitionniste. Avec beaucoup de talent, l’auteure nous fait découvrir la vie dans un petit village de la Côte de l’or du Ghana au dix-huitième siècle par le récit de la vie d’Effia. Alors se révèle une quête, commune à ces 2 lignées : celle de la liberté. Individuellement et d’une génération à l’autre, on voit grandir le besoin de mémoire, la quête d’identité et même la réconciliation avec sa généalogie.
Ce chef-d’œuvre nous tient en haleine, éveille notre curiosité alors que l’auteure nous conduit vers une scène qui se déroule par une journée ensoleillée, en pleine mer où retentit le son de la paix enfin trouvée. On salue ici un travail de recherche remarquable, et la finesse de l’auteure, qui lui permettent une bonne compréhension de l’organisation de la société africaine. Elle rend ses lettres de noblesse à une civilisation souvent méconnue et bafouée.
Il y aurait beaucoup à dire. Mais j’ai choisi de me focaliser sur l’esclavage qui est présenté sous un angle nouveau avec beaucoup d’honnêteté.

No Home est un pur bijou. Très agréable à lire. Page après page, l’auteure nous raconte des parcours de vie dramatiques sur un ton teinté d’espérance. No Home nous interpelle sur notre devoir de mémoire, et la prise de conscience de notre responsabilité vis-à-vis des générations à venir. Ce livre a beaucoup de matière, de consistance.

Avec beaucoup de subtilité, Yaa Gyasi donne la voix aux oubliés et à des héros de l’histoire africaine (les Achanti) et afro-américaine (son personnage ‘H’ qui selon moi serait le “John Henri” des légendes afro-américaines).

J’espère que vous apprécierez ce chef-d’œuvre autant que moi.

Bonne lecture !

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2 Commentaires

Avocevou Jérôme 21 mai 2024 - 18h45

Merci beaucoup 🙏🥰..
j’ai l’original du livre c’est-à-dire la version anglaise..,mais je ne sais pas si je peux trouver la version française ou la traduction..
Merci beaucoup 🙏..
c’est un chef d’œuvre que j’apprécie beaucoup 🙏🥰

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La redaction 13 juin 2024 - 15h38

Merci à vous ne nous lire !

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