Au Zimbabwe, de plus en plus d’auteurs zimbabwéens utilisent cette application de messagerie pour partager leurs textes et livres directement avec leurs lecteurs. Au Zimbabwe, environ 5 millions de personnes utilisent WhatsApp, soit près d’un tiers de la population. Cette plateforme est devenue un outil incontournable pour les écrivains locaux et un accès facilité à la littérature numérique pour les lecteurs. La crise économique au Zimbabwe, marquée par une inflation élevée et une baisse du pouvoir d’achat, a poussé de nombreux lecteurs à se tourner vers WhatsApp comme une alternative abordable pour accéder à la littérature.
Kingston Dhewa, écrivain zimbabwéen, a trouvé une façon unique de partager ses récits avec ses lecteurs. Depuis son stand de fruits et légumes à Budiriro 5, un quartier d’Harare, il écrit ses romans directement sur son smartphone. Cette méthode, adoptée pour répondre à des contraintes économiques, s’est révélée particulièrement efficace.
Kingston Dhewa a commencé à écrire pendant le confinement lié à la COVID-19, motivé par un groupe WhatsApp dédié aux auteurs. Depuis, il a publié 43 romans en shona, explorant des aspects de la vie rurale africaine. Cette démarche a permis à Kingston Dhewa de subvenir aux besoins de sa famille tout en développant son activité littéraire.
Pamela Ngirazi, une autre autrice, compte plus de 21 000 abonnés. Elle diffuse ses récits via des canaux WhatsApp où les premiers chapitres sont gratuits, les suivants étant payants.Un modèle économique de littérature numérique adapté au contexte local
Les écrivains zimbabwéens exploitent plusieurs stratégies pour promouvoir leurs livres. La publication en épisodes, accompagnée d’interactions directes avec les lecteurs dans des groupes WhatsApp, est une pratique courante. Les premiers chapitres sont souvent proposés gratuitement, incitant les lecteurs à s’abonner pour accéder au contenu complet.
Les paiements se font via des services de transfert mobile ou par crédit téléphonique, des méthodes simples et accessibles pour monétiser leur travail. Ce système garantit aux auteurs un contrôle direct sur leurs revenus, contrairement aux modèles d’édition traditionnelle.
Entre innovation et défis
La publication sur WhatsApp présente de nombreux avantages. Elle réduit les coûts liés à l’édition, permet une publication rapide et favorise l’engagement communautaire. Les auteurs ajustent également leurs prix pour rester accessibles dans un contexte économique difficile.
Cependant, des limites subsistent. Le piratage reste un problème majeur, malgré l’existence de lois sur le droit d’auteur. Selon Philip Chidavaenzi, expert en édition, la publication numérique ne remplace pas l’édition traditionnelle, en raison des standards de qualité attendus dans ce secteur.
En s’appuyant sur WhatsApp comme canal de diffusion de la littérature numérique, les écrivains zimbabwéens réinventent leur manière de produire et de partager leurs œuvres. Cette approche pragmatique répond aux besoins d’un public confronté à des moyens limités tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour la littérature locale.