Chassé de force par l’armée française le 11 avril 2011 après le litige qui marqua le second tour de l’élection présidentielle de novembre 2010, l’ancien président de la Côte d’ivoire, Laurent Gbagbo, est depuis à la Cour Pénale Internationale de La Haye (CPI) et incarcéré à la prison de Scheveningen, pour crime contre l’humanité.
Aujourd’hui 13 décembre 2018, la cour se prononcera sur une demande de libération provisoire. Ce n’est donc pas un hasard si la sortie du livre entretien avec Laurent Gbagbo Libre. Pour la vérité et la justice de François Mattei, ancien rédacteur en chef de France Soir, est prévue à la même date. Dans un article du journal Jeune Afrique publié en ligne le 12 décembre 2018, les premiers extraits du livre sont révélés en exclusivité. Et ils valent le détour !
Questionné sur ses projets au cas où sa demande de liberté provisoire est acceptée, Laurent Gbagbo souhaite retrouver sa famille, mais précise qu’il fera toujours de la politique.
La Côte d’Ivoire, l’Afrique, c’est ma vie, et je serai toujours concerné par leur destin. Share on X– Mon ambition, c’est de revenir chez moi, en Côte d’Ivoire. J’ai réservé une maison pour m’accueillir. I go back home ! J’ai déjà fait acheter des matelas pour remplacer ceux qu’on m’a volés dans ma petite maison du village. On m’a aussi pris tous les draps, et un minuscule frigo posé à côté de mon lit. Je ne me plains pas : tant d’Ivoiriens ont tout perdu ! J’en parle que pour souligner que les rebelles n’étaient, pour beaucoup d’entre eux , que de pauvres gens manipulés, affamés : le vol de mes matelas est une illustration.
François Mattei : Et redevenir président en 2020 ?
– Il n’est pas indispensable d’être président pour faire de la politique, et se rendre utile. La Côte d’Ivoire, l’Afrique, c’est ma vie, et je serai toujours concerné par leur destin. »
Bien que mettant en cause le rôle qu’ont joué les anciens présidents français Nicolas Sarkozy, François Hollande et Jacques Chirac dans la politique ivoirienne, Laurent Gbagbo reconnaît aussi ses erreurs.
« C’était en 2001, je pense. Villepin et Robert Bourgi m’ont demandé de cracher au bassinet pour l’élection en 2002 en France. Nous étions dans un salon du restaurant Lapérouse, qui se trouve sur le quai Voltaire, près de la Documentation française. C’était le prix pour avoir la paix, en Françafrique. J’ai eu une entrevue avec Chirac, tout s’est très bien passé, il m’a raccompagné, il était très amical, et il m’a dit en me tapant sur l’épaule, sur le perron : “Je ne suis pas un ingrat.” Je ne suis pas fier de cet épisode, mais je pensais y gagner la marge de manœuvre nécessaire pour avancer vers nos objectifs. On me l’a reproché en disant que c’était la preuve de mon double langage, que je m’appuyais sur le néo-colonialisme pour le critiquer. Comme si on pouvait toujours répondre à des partenaires aussi puissants, sans employer la ruse et la diplomatie… Au moins, ils ne sont jamais revenus à la charge. Je n’aurais pas accepté. Ils le savaient. »
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