Max Lobe est un jeune et prolifique auteur camerounais, résidant suisse depuis plusieurs années. Après le succès de son roman Confidences ( Zoé, 2016) qui lui a valu le prix Kourouma en 2017, il publie aux éditions Zoé Loin de Douala en 2018. Un livre plein de couleurs et de saveurs à travers lequel il relate avec panache le parcours de ces jeunes qui font le choix de partir, d’entamer le très difficile périple qui les conduit de l’Afrique à l’Europe. En gros, qui « boza » pour user d’une expression bien camerounaise. A Long Way From Douala est le titre de la version traduite en anglais.
“A Long Way From Douala”: La Première Traduction en Anglais d’une Oeuvre de Max Lobe Share on X).push({});“A Long Way From Douala”: La Première Traduction en Anglais d’une Oeuvre de Max Lobe
A Long Way From Douala: une traduction du camfranglais vers l’anglais
Traduire un texte est un exercice périlleux quelque soit le contenu, dans la mesure où il est difficile de retranscrire non le sens littéral mais la réalité de certains mots ou expressions. Loin de Douala fut ainsi un véritable challenge pour la traductrice Ros Schwartz qui s’est retrouvée plongée dans un parler très camerounais. Un langage qui mêle avec dextérité français, anglais, pidgin et même langues vernaculaires et qui a transformé cet exercice en plongée dans le Cameroun de l’auteur. « Better tu fais ça » est l’une des expressions qui traduit le mieux ce difficile passage d’une langue à l’autre.
La présence de Max Lobe à certaines étapes de ce périlleux voyage a d’ailleurs été de l’aveu de Ros Schwartz un vrai soulagement. Il a ainsi pu l’éclairer sur ces mots et expressions pas toujours facile à décrypter. Elle a pu en saisir l’essence, les sons et le rythme.
D’une langue à une autre, la richesse culturelle préservée
La traductrice Ros Schwartz (Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres 2009) s’est pourtant heurtée à l’impossible traduction de certains mots, directement issus de la culture populaire. « Pimentières », « boza », etc sont laissés tels quels dans le texte en anglais, sans qu’ils perdent en cohérence d’ailleurs. Un parti pris audacieux, mais payant dans la mesure où le roman de Max Lobe reste fidèle à son auteur. Une attention délicate est néanmoins réservée au lecteur qui trouvera un petit lexique des mots et expressions utilisées.
La culture, celle que l’auteur souhaite faire découvrir, et apprécier, est ainsi préservée dans toute sa richesse. C’est d’ailleurs l’attitude adoptée par nombre de traducteurs aujourd’hui qui choisissent, face aux œuvres d’auteurs africains, d’aller au-delà du passage entre la langue cible et la langue source. » Notre Quelque part » de Nii Ayikwei Parks, auteur ghanéen donc anglophone, en est un bel exemple. La traduction de l’anglais au français est savamment entremêlée de mots propres à la culture locale pour un résultat des plus savoureux.
Loin de Douala traduit en anglais, A Long Way From Douala, c’est le Cameroun qui s’exporte. Un pays dont l’auteur a choisi ici de décrire les aspects les plus plaisants, sans rien omettre des difficultés du quotidien de ceux qui y vivent. C’est un regard chaleureux et bienveillant porté sur ce pays même si l’intrigue en elle-même renvoie à une réalité bien plus sombre. Celle de jeunes qui se lancent dans l’aventure vers l’Europe, très souvent au péril de leur vie. A Long Way From Douala sera publié par HopeRoad Publishing et sortira en février 2021. Le livre peut déjà être précommandé ici.