Kamel Daoud, écrivain franco-algérien, et son épouse Aïcha Dehdouh, psychiatre, sont impliqués dans une controverse juridique en Algérie. Deux plaintes, déposées en août 2024, mais révélées récemment, accusent le couple de violation du secret médical et de diffamation à l’encontre des victimes du terrorisme. Ces accusations sont liées à la publication de Houris, roman de Kamel Daoud qui a remporté le prix Goncourt 2024.
Les détails des accusations contre le couple
Les plaintes ont été déposées par Saâda Arbane, survivante d’un massacre durant la guerre civile algérienne dans les années 1990 et ancienne patiente d’Aïcha Dehdouh. Saâda Arbane affirme que des aspects intimes de sa vie ont été repris dans Houris sans son consentement. Elle a reconnu plusieurs éléments dans le personnage d’Aube, figure centrale du roman :
- Des cicatrices sur le cou et des blessures similaires aux siennes, conséquences d’une attaque islamiste.
- L’utilisation d’une canule pour parler, un détail qu’elle partage avec le personnage.
- La description de tatouages personnels qu’elle porte.
- Sa relation avec sa mère et des moments privés liés à son passé.
- Sa passion pour l’équitation, intégrée dans l’histoire.
Saâda Arbane déclare avoir partagé ces informations en 2015 lors de consultations avec Aïcha Dehdouh. Elle assure également avoir refusé une demande explicite de Kamel Daoud d’utiliser son histoire pour son livre.
Réactions et défense de Kamel Daoud et Gallimard
Kamel Daoud, pour l’instant silencieux, n’a pas encore réagi publiquement. En revanche, son éditeur, Gallimard, a pris position en qualifiant ces accusations de « campagnes diffamatoires » orchestrées par des médias qu’il associe à un régime algérien autoritaire. Gallimard affirme que les personnages et les intrigues de Houris sont fictifs, bien que le roman s’inspire de tragédies réelles.
Si les accusations de violation du secret médical sont prouvées, Aïcha Dehdouh pourrait faire face à des conséquences graves, y compris des sanctions professionnelles. Par ailleurs, les accusations de diffamation s’inscrivent dans le cadre de la loi algérienne sur la réconciliation nationale. Cette loi interdit de publier des informations ou des récits portant sur la guerre civile algérienne, un cadre juridique qui pourrait renforcer la plainte contre Daoud.
Le roman Houris, salué par le jury du prix Goncourt pour sa narration, devient désormais un symbole de controverse.