Eteignez la télévision pendant les vacances. Alain Serge Dzotap vous suggère une solution simple mais efficace pour vous occuper : tournez-vous vers la lecture. C’est connu, lire nourrit l’esprit, permet de se divertir et de se faire plaisir. Dans cet article, l’auteur de livres jeunesse nous propose trois livres de genres littéraires différents à (re)découvrir pendant les vacances.
1-Perles : Couleurs d’Afrique de Jean-Paul Notué et Ly Dumas
Editeur : Gourcuff Gradenigo
ISBN : 2353400744
A propos du livre : Paru en 2009, sous la plume du regretté Professeur Jean-Paul Notué, Perles, couleurs d’Afrique : Ly Dumas est consacré au travail de la créatrice Camerounaise Ly Dumas qui, au fil des années a su valoriser les arts africains, en particulier le perlage africain, essentiellement celui pratiqué depuis longtemps dans les grassfields camerounais. Il raconte les origines du perlage au Cameroun, ses usages, ses liens avec le pouvoir des rois et des nobles.
Comme dans un somptueux musée de poche (une façon de parler parce que le livre est un grand format à couverture cartonnée), Ly Dumas nous donne à savourer du regard, au fil des pages 180 pages du livre, ses créations perlées : objets décoratifs, parures, vêtements, chapeaux raffinés, sensuels et…modernes ! Elle nous présente également des tissus précieux, le ndop Bamiléké en est un, des bijoux et des sculptures brodés de perles, valorisant ainsi un savoir-faire ancestral que des artisans perpétuent encore aujourd’hui, notamment au sein de la fondation Jean-Félicien Gacha, qu’elle a installée avec son mari sur les hauteurs de la colline Boutanga à Bangoulap (Ouest du Cameroun).
Il faut saluer la qualité des nombreuses photos qui contribuent notablement à faire de ce livre un véritable petit bijou.
2-Mont plaisant de Patrice Nganang
Editeur : Philippe ReyISBN : 2848761776
A propos du livre : Cette œuvre du romancier Camerounais Patrice Nganang, par ailleurs essayiste et professeur de théorie littéraire à la Stony Brook University à New York est un travail monumental, appuyé sur huit années de recherches au Cameroun, en France, en Allemagne et aux États-Unis. Pourquoi, pour raconter une histoire située à Nsimeyong, dans le Yaoundé des années 1931 l’auteur a-t-il besoin de voyager autant, me demanderez-vous, peut-être ? C’est une petite curiosité des pays colonisés, qui s’explique par le fait que leurs archives sont pour la plupart détenues dans des pays étrangers (en général les pays colonisateurs), tant dans des collections d’état que dans des collections privées ! Et de colonialisme et de post-colonialisme, il est aussi question dans le roman de Patrice Nganang.
En racontant l’histoire de Bertha, jeune étudiante aux États-Unis, qui revient au Cameroun faire des recherches sur le nationalisme camerounais, et celle de Sara, travestie en garçon pour rejoindre la cour d’un souverain Bamoun exilé, l’auteur trouve, là, le moyen de saluer la production intellectuelle du roi Njoya, banni de ses propres terres par le colonisateur Français ! Le roi Njoya, personnage curieux de tout, inventeur, entre autres, d’une écriture, le shümum, initiateur, probablement de la première bande dessinée produite au sud du sahara, sans doute premier écrivain camerounais, dont l’impressionnant palais qu’il a construit en 1922 à Foumban se visite encore aujourd’hui. Malheureusement sa bibliothèque, constituée de milliers de feuillets en shümum, pourrit lentement, imperturbablement. C’est à croire que Njoya avait des siècles d’avance sur ses sujets et sur son temps !
3-Fables des montagnes de Patrice Kayo
Editeur : Coédition NENA/Éditions CléA propos du livre : Ce recueil de contes plutôt modernes est constitué de trente-huit textes. Les contes, très courts, et les personnages se mettent au service des valeurs à transmettre au jeune lecteur : la solidarité, l’honnêteté, la sagesse, etc. D’où un côté moralisateur, qui est peut-être un bémol. Ces contes tirés de la sagesse populaire Bamiléké sont très agréables à lire, et parfois, on se surprend à éclater de rire lorsque deux jeunes gens, des cambrioleurs, dans le conte « La force du silence » se font prendre bêtement alors que personne ne les soupçonnait d’être les auteurs du vol. Cette fable illustre bien l’adage qui le conclut et qui dit que « on attrape l’animal par la patte et l’homme par la parole. »
A propos de l’auteur
Alain Serge Dzotap est né le 18 septembre 1978 à Bafoussam au Cameroun. C’est sûr. Par contre, il ne sait pas à quelle heure. Ses premières histoires, il les lit dans ses livres d’école primaire. Depuis, il n’a plus arrêté d’en lire de toutes les couleurs, venues des quatre coins du monde.
Il a des histoires à lui en français, en anglais, en hongrois et en chinois, et il ne désespère pas de les voir un jour traduites en antilope, en petits cailloux du chemin ou en éléphant, trois langues en voie de disparition. Parfois, il vous prend un poème, il vous le démonte…comme ça ! Et il demande aux enfants de le remonter les yeux bandés, ou même de détourner des parties du pauvre petit poème démonté pour en faire un poème tout différent ! Et dire qu’il appelle ça un atelier d’écriture ! Pff ! Ce gars est vraiment trop nul ! Le pire, c’est qu’il ne le sait même pas !