“The Life and Struggles of Our Mother Walatta Petros”, est un livre écrit par Galawdewos, traduit et édité par Wendy Laura Belcher, cotraductrice avec le Dr. Michael Kleiner, avec le soutien de l’université de Princeton aux USA.
Walatta Petros était une éthiopienne, chef religieux vénéré qui a dirigé un mouvement non-violent contre la proto-colonisation européenne, et était une abbesse fondatrice de son propre monastère qui existe encore aujourd’hui.
Le récit de la vie de Walatta Petros est riche, dense et singulier : elle perd trois enfants en bas âge, quitte son mari violent, fonde un mouvement, combat avec succès un roi méchant, fait face à des hippopotames et des lions enragés, fonde sept communautés religieuses, met en déroute les chefs religieux masculins, rassemble de nombreux hommes et femmes autour d’elle, guide son troupeau sans aucune soumission masculine, est à la tête de sa communauté et nomme même les abbés qui suivent ses ordres. Son nom signifie fille – de [Saint] Pierre. Elle a vécu de 1592 à 1642.
Trente ans après sa mort, ses disciples éthiopiens (dont beaucoup étaient des femmes) se sont réunis pour raconter l’histoire de sa vie à un scribe nommé Galawdewos (Claudius en anglais). Ils faisaient l’éloge de Walatta Petros en la décrivant comme une fille chérie, une affectueuse amie des femmes, une lectrice assidue, une ascète rigoureuse et une leader féroce.
À l’origine, le livre The Life and Struggles of Our Mother Walatta Petros a été écrit sur du parchemin. Les monastères orthodoxes éthiopiens l’avaient copié et douze de ces copies manuscrites, dont 3 issues du monastère de Walatta Petros, ont été utilisées pour créer la traduction en anglais. Le texte original a été écrit dans la langue éthiopienne classique Gəˁəz.
À travers cette hagiographie (biographie des saints), c’est ainsi un côté presque inconnu ou nié de l’histoire de l’Afrique qui se dévoile, met en lumière la richesse et l’ancienneté de la littérature en Afrique, revisite la légende populaire de place de la femme africaine soumise à l’homme, et repositionne l’arrivée du christianisme en Afrique bien avant son apparition en Europe.
En effet, les éthiopiens ont été chrétiens depuis le quatrième siècle, bien avant la majeure partie de l’Europe. Ils ont conservé dans leur église orthodoxe une forme distincte de christianisme. Lorsque les Jésuites sont venus dans les années 1500 pour tenter de convertir les Ethiopiens au catholicisme romain, de nombreux éthiopiens ont résisté, en particulier les femmes de lignée royale, telles que Walatta Petros. Pour son combat, elle a été élevée à la sainteté dans l’Église orthodoxe éthiopienne.
Les Ethiopiens ont inventé un système d’écriture dans le premier millénaire avant notre ère et l’ont utilisé pour écrire de nombreux livres depuis le quatrième siècle de notre ère. Il existe plus de 200 saints orthodoxes éthiopiens et plus de 100 d’entre eux ont des biographies. Au moins 17 d’entre eux sont des femmes et six d’entre eux ont des biographies.
Les histoires sur les saints éthiopiens sont des archives essentielles pour la littérature africaine et restent inexploitées hors d’Ethiopie. Il existe des récits fascinants sur les héros du folklore éthiopien, ainsi que de riches dépositaires de la pensée autochtone. Ce livre sera la première traduction accessible en anglais de l’une de ces histoires. Il existe trois autres hagiographies en anglais, mais elles existent uniquement dans des livres d’art qui coûtent des milliers de dollars chacun.
Source : Texte tiré de l’interview donnée par Wendy Laura Belcher au Princeton University Press