Prix Nnanga kon 2018 : Les bons points des livres finalistes

par La redaction
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Après la publication de la courte liste du Prix Nnanga 2018, les lecteurs qui suivent de près l’évolution de la littérature africaine et camerounaise en particulier sont sans doute curieux de découvrir les trois livres finalistes de ce jeune prix. Nous livrons ci-dessous quelques bons points qui ont certainement joué en faveur des ouvrages retenus. Pour rappel, la première édition du Prix Nnanga kon avait été remportée par la jeune romancière Djhamidi Bond pour son œuvre intitulée 8clos. Fiston Mwanza Mujila lui avait d’ailleurs à cette occasion adressé ses « vives félicitations ». L’une des conditions pour être éligible à ce prix est d’avoir été présélectionné aux Grands Prix des Associations Littéraires (GPAL), dont l’édition 2018 vient d’être lancée.

 

Biographie d’une jeune femme trop tôt partie… de Merveiline Tapi

Présélectionné aux GPAL 2017 par l’Association pour la Conservation et la Diffusion du Savoir (ACDIS)

C’est l’histoire de Barbara, qui lui est contée par un proche, au chevet de… sa tombe. « Tu étais jeune, belle, étudiante dans une grande école et vivais dans ce quartier depuis plus d’une dizaine d’années. » On le voit, le ton est celui du regret, la voix du narrateur est douce, empreinte de tendresse et d’intimité, au point où par endroits le style peut paraître emprunté à celui qui sied au journal intime. Cette histoire est belle à sa manière, pas comme un conte des mille et une nuits, avec des péripéties, du suspense et des retrouvailles inespérées. Merveiline Tapi a choisi de jouer plutôt sur la corde de la sensibilité pour toucher le cœur du lecteur. « Elle y est parvenue », car à la fin, on se surprend à plaindre le narrateur éprouvé, mais aussi à aimer Barbara, par pitié ou par empathie, peu importe, le résultat est là : on s’est attaché au livre.

Enquêtes en eaux troubles de Séraphin Deffo Deffo

Ouvrage proposé aux GPAL 2017 par la Maison de la Culture Française (MCF)

L’écrivain, s’entend ici le romancier, est aussi l’historien de son temps. La preuve, on apprend bien plus sur la révolution industrielle et la lutte des classes dans Germinal d’Émile Zola que dans n’importe quel livre d’Histoire y relatif. L’Opération Obama, pardon, l’opération épervier, n’a pas fini d’inspirer des chefs-d’œuvre. À l’avenir un enseignant qui en viendrait à entretenir ses étudiants sur ce sombre aspect de notre époque pourrait à raison leur recommander de lire aussi les Enquêtes en eaux troubles de Séraphin Deffo Deffo. L’auteur nous sert dans ce livre un plantureux « legal thriller » de 420 pages à couper le souffle. Prévarications, malversations, détournements de deniers publics, trafic d’influence, juges corrompus… On en arrive à des milliards de francs coincés dans des domiciles ou dans des bureaux, quand ils ne se baladent pas dans des cantines. Tout y est, dans ce livre, y compris les réseaux occultes et autres frasques de la société contemporaine. L’auteur aborde le sujet avec force précisions et des détails pointilleux qui dénotent une parfaite maîtrise des enquêtes judiciaires sur les crimes financiers, mettant ainsi à profit ses connaissances et son expérience professionnelle dans la vraie vie (titulaire d’un diplôme d’Inspecteur des Régies financières). Cependant il n’y a pas que des enquêtes à boire dans ce bel ouvrage, il y a aussi de l’eau de rose, à faible dose certes, mais assez pour contenter un tant soit peu les amateurs. Avec des coïncidences et des retrouvailles rocambolesques comme on en voit que dans les telenovelas, même si ces intrusions d’un autre genre font un peu fausse note. Cela dit, il faut avoir lu le livre, autrement on aura manqué quelque chose. Vous voilà prévenu.

Le défi du fidèle de Léonard Fokou

Présenté aux GPAL 2017 par Les Amis de la Littérature.

Le-défi-du-fidèle-Léonard-Fokou-198x300« Pas d’évolution sans sacrifices », ce dicton pourrait tout aussi bien s’appliquer à l’amour. Le prix à payer pour s’attacher l’être aimé peut parfois exiger des sacrifices incommensurables. Le défi du fidèle de Léonard Fokou est une belle histoire d’amour qu’on dirait au départ platonique, puis finalement influencée par les réalités humaines et les tragédies qui font et défont les grandes passions. Roméo ici s’appelle Fidelis et Juliette Fidelia. Tout les oppose, la condition sociale, les origines tribales, le regard des autres. Mais les deux amis ont fait le vœu de s’aimer toujours, autour du symbole très fort d’un quartier de kola. S’aimer envers et contre tous, pour le meilleur et pour le pire, à la vie à la mort. Y parviendront-ils ? C’est cela « Le défi du fidèle ». L’auteur porte aussi un regard critique sur la société contemporaine et ses dysfonctionnements. Le tribalisme, l’incivisme, la mal gouvernance, la corruption, le terrorisme, la misère, ses causes et ses conséquences, sont passés au crible. On pourrait même peut-être faire le petit reproche à Léonard Fokou d’être un peu trop moralisateur, ne se contentant pas souvent de son rôle de narrateur et de laisser le lecteur faire lui-même les déductions. Mais ce n’est qu’un avis discutable ; car, d’un autre côté, quand il s’agit de dénoncer le vice, la répétition est un bien petit bémol.

Correspondance : Palabre Intellectuelle

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