L’utilisation des langues africaines et leur traduction dans d’autres langues sont encore rares dans la littérature. Heureusement, depuis quelques années, des auteurs africains comme le congolais Richard Ali, donc le dernier livre écrit en lingala vient d’être traduit en anglais, font le choix conscient d’écrire dans leur langue maternelle. Mr. Fix-It (Phoneme Media, 2015, traduit par Bienvenu Sene Mongaba et Sara Sena) est le tout premier livre traduit du Lingala vers l’anglais. Parmi les quatre langues nationales de la République Démocratique du Congo que sont le tshiluba, le kikongo, le lingala et le swahili, le lingala est l’une des plus répandues dans le pays. Elle est parlée par environ dix millions de personnes.
Certains grands noms de la littérature africaine ont précédemment sauté le pas, comme Richard Ali, et ont même décidé de ne plus écrire qu’en langues africaines, à l’instar de l’écrivain kényan Ngugi wa Thiong’o. Il a abandonné l’anglais pour la langue Kikuyu (Kenya). Selon Ngugi wa Thiong’o, la décolonisation de la langue utilisée dans l’éducation est la forme contemporaine du panafricanisme. Sa nouvelle Ituĩka Rĩa Mũrũngarũ: Kana Kĩrĩa Gĩtũmaga Andũ Mathiĩ Marũngiĩ publiée en 2016 par le collectif Jalada a rencontré un grand succès et a été traduite dans 64 langues.
De plus en plus d’éditeurs créent des collections pour les langues africaines, à l’instar du label Céytu créé par les maisons Zulma et Mémoires d’encrier. Ce label en wolof dirigé par Boubacar Boris Diop a fait la démarche inverse et publie la littérature francophone en wolof.
Richard Ali est un écrivain originaire de la République Démocratique du Congo. Il a fait des études de droit à Kinshasa, ville dans laquelle il travaille aujourd’hui comme avocat. Il anime l’émission télé hebdomadaire “b-one Littérature” qui parle de la littérature congolaise. Il est lauréat du Prix Mark Twain (novembre 2009). Son roman intitulé EBAMBA, Kinshasa-Makambo fut le seul texte écrit dans une langue africaine parmi les 39 meilleurs jeunes auteurs africains 2014 du Projet Africa39.
Mr. Fix-It est un roman se déroulant à Kinshasa, et qui raconte l’histoire d’un jeune congolais qui se bat et essaye de s’en sortir dans la vie, tiraillé entre tradition et modernité. Mr. Fix-It, pierre majeure dans le processus de « décolonisation des pensées », a été positivement accueilli dans le milieu littéraire américain. Le magazine Asymptote Journal et la Bibliothèque publique de Los Angeles n’ont pas tari d’éloges sur le texte de Richard Ali.
L’on constate donc que diverses initiatives mettant en avant les langues africaines ont du succès, et que le public est prêt à accueillir des productions littéraires en langues africaines. Les auteurs africains sont-ils tout aussi prêts ?