Il y a des jours où on n’est pas du tout préparé à l’intensité de ce qu’on va découvrir ou entendre lors d’une rencontre artistique. Surtout quand on assiste comme moi régulièrement à des événements et autres shows d’artistes dans le cadre de mon travail. « One World Poetry Night », une soirée de poésie organisée chaque deuxième samedi du mois à Berlin par la dynamique Lahya – Stefanie-Lahya Aukongo est une de ces rencontres d’où l’on ressort chargé d’émotions sur lesquelles il est difficile de mettre des mots justes.
Spoken words from the world to the world – our artists are « blessed » and they use words, rhythm, awareness and their voice to change their and our world.
C’est ainsi que se présente « One World Poetry Night » qui existe déjà depuis 2014 avec un public de plus en plus grandissant. « One World Poetry Night » c’est plus de 13 shows avec la participation de plus de 54 artistes venant de tous les continents, en différentes langues telles que le Kiswahili, le Yoruba, le Zulu, l’Oshiwambo, l’Igbo, l’Arabe, le français , l’Espagnol, l’Allemand et l’Anglais.
La première fois qu’on rencontre Lahya-Stefanie-Lahya Aukongo, la fondatrice de « One World Poetry Night », on est frappé par sa joie de vivre et son sourire. Quand on lui demande qui elle est, il faut être patient car la liste des ses activités est longue, très longue: activiste, auteure, poétesse, chanteuse, photographe, et bien plus encore. Toutes les formes d’art sont ses passions et elle se refuse de se limiter à une seule.
C’est à Kreuzberg, quartier très animé de Berlin, que je me suis donc rendue ce samedi 11 mars 2017 en début de soirée pour assister la première fois à cette série de poésie dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. C’est grâce à l’invitation d’un ami que je découvre ce joli cadre très chaleureux qui se transforme en scène de mots et sons le temps d’une soirée qui avait cette fois pour thème « My words, My life ». Ma vie, mes mots… prometteur…
Au programme, 6 passages d’artistes, y compris celui de Lahya. Je me sens tout de suite à l’aise parmi cette cinquantaine de personnes. Les artistes se mélangent au public, discutent avec eux…il règne une belle atmosphère de simplicité et de partage.
La soirée commence avec Lahya, qui après avoir présenté le programme, lit quelques uns de ses textes : profonds, touchants, hilarants ! Lahya parle de son quotidien de femme noire avec un handicap dans une société allemande blanche. Les textes dits en allemand, claquent comme des coups de fouet qui rappellent à l’ordre l’auditoire dans sa perception de l’autre, dans sa prescription de comment l’autre devrait être ou à quoi il devrait ressembler.
Le décor est planté. Les artistes Deidra Freeman, Steve Mekoudja, Furat Abdulle et bien d’autres qui vont suivre au courant de la soirée feront monter la tension. Ici, pas de semblant, pas de politiquement correct. Les gens sont tels qu’ils sont.
L’idée de créer une série de rencontres artistiques pour la poésie lui est venue après qu’elle a assité à une soirée de « Poetry Slam » très ennuyeuse et superficielle, où elle ne se reconnaissait pas dans les sujets abordés. Le manque de plate-formes où des voix authentiques et différentes et du conformisme ambiant pouvaient s’exprimer la pousse donc à créer.
C’est ainsi qu’après bien des difficultés liées au fait que Lahya tenait absolument à avoir une salle gratuite et facile d’accès pour handicapés, « One World Poetry Night » vit le jour. Il faut rappeller que, Lahya finance ces événements de sa proche poche et des dons du public. L’entrée y est gratuite.
Les cris et les silences venant des âmes tourmentées des artistes vous transpercent et vous font remettre en question beaucoup de choses auxquelles vous croyiez jusqu’à présent. Vous découvrez à quel point la nature humaine est variée, multi-facettes.
Cela peut être même effrayant de voir si loin dans le coeur des gens quand on n’y est pas habitué. Car ce qu’on y trouve n’est pas toujours gai. La chose commune à ces artistes? La poésie a été leur seule bouée de sauvetage lorsqu’ils étaient dans la tourmente.
J’ai passé une soirée riche en émotions. Chaque deuxième samedi du mois, « One World Poetry Night » vous accueille à bras ouverts. Pour recevoir des notifications sur les prochaines dates et artistes invités, connectez-vous à la page Facebook dédiée à la série. Vous feriez aussi la joie des organisateurs si vous venez avec un don, de la pâtisserie ou tout autre cadeau qui agrémentera la soirée.