Les habitudes des lecteurs changent. De plus en plus, les lecteurs s’en remettent à leur téléphone ou à une intelligence artificielle pour obtenir des recommandations. La manière dont un ouvrage est décrit devient presque aussi importante que le contenu lui-même. Pour le lecteur, plus besoin de connaître un titre ou un auteur. Une simple question suffit. Mais pour que la réponse soit pertinente, encore faut-il que le livre demandé soit “trouvable”. C’est là qu’interviennent les métadonnées.
Métadonnées : qu’est-ce que c’est exactement ?
Les métadonnées décrivent un livre de manière standardisée : titre, nom de l’auteur ou de l’autrice, langue, catégorie, résumé, mots-clés, thème abordé, pays ou région d’intérêt. Ces éléments sont utilisés par les moteurs de recherche, les bases de données, et de plus en plus souvent par les intelligences artificielles. Ils permettent aux systèmes numériques de classer, relier, retrouver et proposer les livres de manière ciblée aux lecteurs.
Plus les métadonnées sont claires, précises et structurées, plus elles rendent le livre « lisible » par les machines. Et plus elles sont complètes, plus elles ouvrent de portes vers la découvrabilité.
Avec l’essor des moteurs IA dans les catalogues en ligne, sur les sites de bibliothèques ou même dans les boutiques d’ebooks, la qualité des métadonnées devient une condition de visibilité. Les livres mal référencés risquent de rester invisibles, même s’ils sont brillants.
À l’inverse, un livre avec des métadonnées bien structurées (titres alternatifs, résumés clairs, sujets bien balisés, nom de l’auteur correctement orthographié) pourra remonter dans les résultats, être recommandé, et donc trouvé.
Quand une fiche bien remplie change tout
Prenons l’exemple du roman Les Impatientes de Djaïli Amadou Amal. Si ce livre dispose de métadonnées précises comme le genre littéraire, les thématiques (comme le mariage forcé, la condition des femmes, région d’origine de l’autrice, langue originale), une IA comme ChatGPT ou un moteur alimenté par un assistant vocal peut le recommander à une personne qui demande : « Peux-tu me suggérer un roman poignant sur la condition féminine en Afrique centrale ? » Ou encore : « J’aimerais lire un livre écrit par une femme africaine francophone traitant des faits sociaux dans sa région. »
Sans métadonnées de qualité, l’IA aura plus de mal à faire le lien entre la demande de l’utilisateur et le contenu du livre. Elle ne saura pas nécessairement que le livre de Djaïli Amadou Amal correspond exactement à cette requête.
Certes, certaines plateformes automatisent déjà l’analyse des textes pour générer des métadonnées. Mais ces outils n’ont pas toujours la finesse culturelle ou linguistique pour qualifier un livre africain écrit en français, en wolof ou en swahili.
Quand les métadonnées deviennent une passerelle culturelle

La plupart des systèmes d’analyse automatique s’appuient sur des modèles qui reconnaissent les structures narratives, les genres ou les thèmes fréquemment rencontrés dans les grandes productions éditoriales, souvent issues de contextes occidentaux. Lorsqu’ils sont confrontés à des récits construits différemment, par exemple, un roman entrecoupé de proverbes, de chants ou de passages en langue locale, leur capacité de compréhension diminue.
Un livre évoquant la mémoire collective d’un village, les dynamiques familiales propres à une société matrilinéaire ou les réalités sociales d’un quartier de Cotonou peut contenir des références, des noms ou des tournures qui échappent totalement aux algorithmes. Ce n’est pas une question de qualité littéraire, mais de décodage. L’outil ne sait tout simplement pas quoi faire d’une parole poétique en wolof ou d’un récit initiatique structuré selon des logiques orales.
Dans ce contexte, les métadonnées servent de pont. Elles permettent de formuler, avec des mots que la machine reconnaît, ce que contient réellement le livre. Sans cette médiation humaine, l’intelligence artificielle risque de passer à côté de ce qui fait la richesse du texte. D’où l’importance, pour les éditeurs comme pour les auteurs, de décrire précisément les thématiques, les références culturelles et les contextes locaux de leurs livres, non pas en simplifiant, mais en traduisant l’essentiel dans un langage que la machine pourra comprendre et traiter.
Le travail des éditeurs, des bibliothécaires ou même des auteurs reste donc important pour produire des métadonnées utiles et pertinentes.
Où et comment renseigner les métadonnées d’un livre
Créer des métadonnées, c’est bien plus qu’une simple tâche administrative sur une plateforme de vente. Il s’agit d’un processus qui demande attention, cohérence et connaissance des outils disponibles. Que l’on soit éditeur structuré ou auteur indépendant, les étapes sont similaires, mais les moyens diffèrent.
Pour les éditeurs
Les éditeurs renseignent les métadonnées à l’aide de formulaires structurés, conçus pour centraliser toutes les informations nécessaires avant la publication et la diffusion du livre. Ces formulaires sont généralement intégrés aux logiciels de gestion de catalogue, aux plateformes de distribution ou aux interfaces des diffuseurs. Ils sont conçus pour guider étape par étape le renseignement des informations requises avant la mise en ligne, l’impression ou l’envoi aux libraires.
Ce travail se fait généralement en amont, en coordination avec les équipes éditoriales, fabrication et diffusion. Certains éditeurs disposent de leur propre système, d’autres utilisent des plateformes mutualisées. Même si l’interface varie d’un outil à l’autre, le principe reste le même. L’ensemble des informations sera transmis aux bases de données utilisées par les librairies, bibliothèques et plateformes en ligne.
Pour les auteurs autoédités
Lorsqu’un auteur publie son livre sur une plateforme d’autoédition, il est guidé étape par étape pour remplir les informations demandées. Ce sont ces champs qui constituent les métadonnées. Il faut les remplir avec soin. Il est essentiel de rédiger un résumé clair, d’identifier quelques mots-clés précis (lieu, époque, thème) et de choisir une ou deux catégories pertinentes, sans chercher à tout cocher.
Ce travail peut sembler secondaire, mais en réalité, il conditionne la capacité du livre à apparaître dans les bons résultats de recherche, y compris ceux générés par des outils d’intelligence artificielle.
Fiche pratique – Renseigner les métadonnées quand on est auteur autoédité
Renseigner les métadonnées de son livre ne demande pas d’être expert. Mais cela suppose de se poser les bonnes questions au bon moment. Avant de valider la publication de votre livre sur une plateforme d’autoédition, prenez le temps de vérifier ces éléments essentiels. Ils peuvent faire toute la différence pour que votre livre soit bien référencé et visible. Voici une check-list simple, à garder sous les yeux avant de finaliser la publication.
Résumé
- Est-il clair, structuré et sans détours
- Fait-il apparaître les thèmes principaux du livre ?
- Contient-il quelques mots ou expressions que vos lecteurs pourraient utiliser dans une recherche ?
Mots-clés
- Correspondent-ils au contenu réel de votre livre ?
- Incluent-ils des éléments concrets (lieu, époque, genre, sujet traité) ?
- Évitent-ils les termes trop vagues ou trop génériques (ex. : “roman”, “livre”, “histoire”) ?
Catégories
- Avez-vous choisi une ou deux catégories précises qui correspondent vraiment à votre livre ?
- Avez-vous évité de cocher plusieurs cases par sécurité, au risque de brouiller le classement ?
Informations générales
- Le nom de l’auteur est-il orthographié de manière uniforme sur tous les supports ?
- La langue du livre est-elle bien renseignée ?
- Le titre est-il fidèle au contenu, sans surcharge de sous-titres ou de mots-clés ?
📍 Astuce : relisez votre fiche comme si vous étiez un lecteur qui ne connaît pas encore votre livre. Est-ce qu’elle donne envie d’en savoir plus ? Est-ce qu’elle est suffisamment précise pour qu’une recherche automatique le fasse apparaître ?