Le mot de la semaine du 13 au 19 janvier 2025 est Littératie
La littératie désigne la capacité d’un individu à lire, écrire, comprendre et utiliser l’information dans la vie quotidienne, au travail et dans la société. Ce concept va au-delà du lettrisme qui est la simple maîtrise de la lecture et de l’écriture.
La littératie inclut également la compréhension, l’analyse critique et l’utilisation efficace des connaissances pour résoudre des problèmes et participer pleinement à la vie en société.
Dans de nombreux pays en Afrique, l’alphabétisation (et donc le lettrisme) se fait dans des langues coloniales (français, anglais, portugais) au détriment des langues locales. Cela crée un décalage entre la capacité technique d’un individu à lire et écrire (lettrisme) et sa capacité à comprendre les réalités culturelles et sociales qui l’entourent (littératie). La promotion d’une littératie adaptée aux langues et savoirs locaux devient alors un enjeu essentiel pour une éducation véritablement émancipatrice.
La littératie ne se limite donc pas à la maîtrise des langues européennes. Elle englobe aussi la connaissance des langues et des cultures locales, la transmission des savoirs oraux, et la compréhension critique des récits historiques souvent biaisés par les colonisations. La promotion d’une littératie adaptée aux réalités et aux besoins locaux devient alors une question de justice sociale et culturelle.
Origine du concept de littératie
Le terme littératie trouve son origine dans le mot anglais literacy, qui signifie « alphabétisation ». Il est dérivé du latin littera, qui signifie « lettre ». Au départ, la notion de littératie était strictement associée à la capacité de lire et d’écrire, en lien avec l’accès à l’éducation de base.
Cependant, à partir des années 1960, le concept s’est enrichi sous l’influence des travaux de chercheurs en éducation, en linguistique et en sociologie, notamment dans les pays anglophones. On a commencé à considérer la littératie d’une part comme un ensemble de compétences techniques (lecture, écriture), de l’autre comme une compétence sociale et culturelle essentielle pour la participation citoyenne.
Vers une littératie élargie : émancipation, critique et nouvelles formes
Avec les années, la notion de littératie s’est développée. Le pédagogue brésilien Paulo Freire a joué un rôle clé dans l’élargissement du concept. Dans son œuvre La Pédagogie des opprimés (1970), il montre que la littératie n’est pas neutre et qu’elle peut être un instrument d’émancipation ou de domination. Il insiste sur l’importance de la « conscience critique » dans l’apprentissage, ce qui a conduit au développement de la littératie critique.
Dès les années 1970, l’UNESCO a commencé à promouvoir une vision élargie de la littératie, en affirmant qu’elle constitue un droit humain fondamental et un outil indispensable pour le développement des sociétés. En 2003, l’UNESCO a redéfini la littératie comme un ensemble de compétences permettant aux individus de « s’épanouir pleinement dans leur environnement social, économique et culturel ».
Brian Street, chercheur britannique, a ensuite introduit le concept de littératie idéologique dans les années 1980. Selon lui, la littératie est toujours liée à un contexte social et culturel. Il distingue la littératie autonome (simple acquisition de compétences) et la littératie sociale (pratique influencée par des valeurs, des normes et des pouvoirs).
Avec le développement des nouvelles technologies et des médias numériques dans les années 1990 et 2000, le concept de littératie s’est encore élargi pour inclure la littératie numérique, la littératie médiatique, la littératie scientifique et littératie en santé.