“Je n’ai pas d’enfant, mais j’ai un chien.” Tel aurait pu s’intituler le roman d’Aude Konan, “Ma petite sœur”. Si vous vivez en occident, ces mots ne vous sont certainement pas étrangers. Les animaux de compagnie ont petit à petit pris une place importante dans la société occidentale et cela commence à se voir dans d’autres sociétés qui, elles aussi s’occidentalisent. Dans certains cas extrêmes, il est même devenu difficile de dire où réside la frontière entre l’animal et l’humain, tant les deux mondes cohabitent au quotidien.
À l’âge de douze ans, Aude Konan regarde un documentaire à la télé, dans lequel sont montrés des chiens rois bichonnés comme des humains dans des salons de spa. C’est de là que part son idée d’écrire son premier roman “Ma petite sœur”. Le manuscrit est prêt à l’âge de treize ans, mais sera publié bien plus tard, à l’âge de vingt-quatre-ans chez les Éditions Dagan en novembre 2015 dans la collection Jeunesse. Entre l’écriture et la publication de “Ma petite sœur”, Aude Konan n’a cessé d’écrire des nouvelles ou des pièces de théâtre, et son travail a été primé par le Canard à Vos Plumes en 2004, Noir et Blanc en 2009, et Écrire à bout de plumes en 2013.
Lillian, fille unique de Bettina et Ponre, rêve de voir ses parents créer un environnement familial chaleureux et simple où règnent harmonie et amour. Malheureusement, se crée au fil du temps une atmosphère vide d’humanité et d’émotion dans le bel appartement familial new yorkais. Le couple, emprisonné dans une recherche permanente et effrénée de perfection, est absorbé par le travail au détriment de leur fille, manquant ainsi de consacrer du temps et de donner de l’attention à Lillian. Le quotidien de ce petit monde est simplement mécanique ; ils ne vivent plus, ils fonctionnent.
Le jour de son cinquième anniversaire, Lillian reçoit en cadeau Mia, une petite chienne, sur qui elle porte dès ce jour toute son attention. Lillian essaye de combler sa faim d’amour avec Mia et se consacre entièrement à elle, au point où cela a des conséquences sur ses résultats scolaires. Bettina et Ponre qui ne tolèrent aucune imperfection, sont donc obligés de reprendre Mia et de s’en occuper eux-mêmes.
Cette décision va avoir un impact dramatique sur les relations déjà fragiles entre Lillian et ses parents. Lillian, privée de Mia, constate au fil du temps avec effroi que la chienne Mia reçoit toute l’attention qu’elle a tant souhaité recevoir de ses parents, au point d’avoir le sentiment que Mia est devenue comme sa petite sœur. Dès cet instant, Lillian considère Mia comme une ennemie qui essaye de prendre sa place d’enfant chez ses parents et va entreprendre de régler ce problème à sa manière.
Dans un monde où les animaux occupent une place de plus en plus importante au sein des foyers, l’auteure Aude Konan, à travers le récit d’une pré-adolescente, met en évidence dans un style simple et facile à lire, un véritable sujet : la place des animaux de compagnie dans notre société.
Au fil des pages, on a hâte de découvrir comment la petite Lilian, l’héroïne, parviendra à gérer les différents sentiments qui la tourmentent, vis à vis de ses parents d’une part, et de sa « petite sœur » d’autre part : amour, haine, culpabilité, insouciance. Le lecteur reste captivé tout au long de l’histoire.
Ce roman fera certainement la joie des amateurs de récits autour de drames familiaux modernes et aux amoureux d’animaux de compagnie, en particulier des chiens. Bien que l’histoire racontée dans Ma petite sœur soit captivante, il y a lieu de mettre un bémol sur certaines scènes assez violentes, vu le public cible de ce roman. En effet, selon l’auteure, ce livre s’adresse aux jeunes enfants dès l’âge de onze ans. Il est conseillé aux parents de lire le roman jusqu’à la fin et avant de décider si cela convient à son enfant ou pas.
Aude Konan est une jeune auteure de 24 ans dont la passion pour l’écriture remonte à son plus jeune âge. Elle est détentrice d’un master en écriture de scénario en Écosse, l’une de ses passions étant l’écriture de scénarios de film ou de pièces de théâtre, notamment pour la compagnie Talawa Theatre et The Stratford East Theatre. Elle vit entre la France où elle a grandi et le Royaume-Uni où elle a fait ses études.