« Black History Month »–Personnalité du mois: Joseph Ki-Zerbo (1922-2006), monument de la mémoire africaine

par admin3050
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Black History Month–Personnalité du mois Joseph Ki-Zerbo (1922-2006), monument de la mémoire africaine

La célébration du « Black History Month » sur Afrolivresque ne saurait être lancée ce jour sans rendre un hommage à Joseph Ki-Zerbo, désigné par notre rédaction à l’unanimité comme personnalité du mois.

Le parcours d’un pionnier et éveilleur de conscience

Né le 21 juin 1922 à Toma (Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso), Joseph Ki-Zerbo est certainement l’un des plus grands savants que l’Afrique ait connus. Panafricaniste convaincu, historien, grand homme de culture et politicien engagé, il a contribué de façon considérable à la réécriture de l’histoire de l’Afrique d’un point de vue endogène et a milité sans relâche pour une indépendance réelle de l’Afrique.

Après des études primaires et secondaires passées au Sénégal et au Mali, il obtient son Baccalauréat en 1949. Il poursuit ensuite des études en sciences politiques et en histoire à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEPP) et à la Sorbonne, où il devient en 1956 le premier africain noir à obtenir une agrégation en Histoire.

Il entre en politique en 1958 et crée le MLN (Mouvement de libération nationale) et participe au mouvement panafricaniste aux côtés des figures emblématiques telles que Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba, Gamal Abdel Nasser, Frantz Fanon, Aimé Césaire et Amilcar Cabral.

Il a occupé de hautes fonctions dans l’administration burkinabé et dans des institutions internationales notamment comme membre du conseil exécutif de l’UNESCO, professeur d’histoire à l’Université de Dakar, directeur du Centre d’études pour le développement africain (CEDA) de Ouagadougou et député à l’Assemblée nationale du Burkina Faso.

Il a également été enseignant en France, au Sénégal, en Guinée, et au Burkina Faso de 1956 à 1963. Il a participé aux travaux d’africanisation des programmes d’études des pays francophones d’Afrique au lendemain de leurs indépendances. De 1968 à 1979, il a été Secrétaire Général du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES) dont il est l’un des fondateurs, et dont le siège se trouve à Ouagadougou.

Le parcours de ce grand homme pourrait remplir de multiples pages encore.  Sa biographie détaillée et toutes les informations relatives à ses travaux peuvent être consultées sur le site de la Fondation Joseph Ki-Zerbo pour l’Histoire et le Développement de l’Afrique, créée par les membres de sa famille, amis et personnes-ressources, afin de pérenniser son action.

Monument érigé en l’honneur de Joseph Ki-Zerbo à Toma

Monument érigé en l’honneur de Joseph Ki-Zerbo à Toma, sa ville natale, au Burkina Faso (crédit photo : Afrolivresque)

Adepte de formules brèves, mais lourdes de sens, Joseph Ki-Zerbo est le symbole du plaidoyer en faveur du développement de l’Afrique par des savoirs endogènes. « On ne développe pas, on se développe » : cette formule cinglante est à la fois une réflexion, une exhortation, et un plan d’action. À ce titre, son ouvrage phare, « A quand l’Afrique ? » (Editions de l’Aube (9 mars 2004)), présente ce continent non seulement comme le Berceau de l’Humanité tel qu’il est communément qualifié, mais va plus loin, en considérant l’Afrique comme le « Berceau de l’Espoir de l’Humanité ».

 

 

 

« L’HISTOIRE GENERALE DE L’AFRIQUE », un hériatge laissé à l’humanité

En 1964, sous le chapeau de l’UNESCO, Joseph Ki-Zerbo et 230 historiens et autres spécialistes, dont deux tiers sont africains, élaborent le projet « L’Histoire générale de l’Afrique », qui a pour mission de « remédier à l’ignorance généralisée sur le passé de l’Afrique ». Joseph Ki-Zerbo a été le Vice-Président du Bureau du Conseil International pour la rédaction de cette œuvre inédite dans le monde. Il a dirigé la rédaction du Volume 1 intitulé « Méthodologie et préhistoire africaine » (Paris, UNESCO, 1980).

Vu l’importance de cette œuvre monumentale laissée par Joseph Ki-Zerbo et ses pairs, toute la collection « L’Histoire générale de l’Afrique » sera présentée pendant la célébration du « Black History Month » sur Afrolivresque tout au long du mois de février 2016.

Documentaire « Joseph Ki-Zerbo – Identités/Identité pour l’Afrique », Prix Spécial UEMOA 2005 (catégorie TV / Vidéo professionnelle)

Réalisé par Dani Kouyaté avec Avec : Pr. Joseph Ki-Zerbo, Mme Jacqueline Ki-Zerbo Coulibaly, Pr. Alpha Oumar Konaré, Pr. Elikia Mbokolo, Pr. Amadou Mahtar Mbow, Pr. Iba Der Thiam, Anise et André Postel-Vinay

 

 

À quand l’Afrique ? Voilà bien une question que nous préférons éviter, tant l’Afrique semble sans avenir. Mais joseph Ki-Zerbo, historien et homme d’action burkinabe, ne peut, et ne veut l’occulter. Alors, au cours de ce long entretien, qui par certains côtés retrace le parcours d’une vie, il dresse un portrait vivant, saisissant, de l’Afrique au temps de la mondialisation. Une Afrique qui, selon lui, est depuis le XVIe siècle une sorte de wagon du train du développement. Joseph Ki-Zerbo a largement contribué à doter enfin l’Afrique d’une histoire propre, une histoire qui soit autre que celle écrite par le colonisateur. Pour lui, l’Afrique doit conquérir son identité, fière de sa contribution à l’aventure humaine, afin de redevenir acteur du monde, elle qui a pour ainsi dire inventé l’homme, puis la première grande civilisation de l’humanité – la civilisation égyptienne.  » Sans identité, dit-il, nous sommes un objet de l’histoire, un instrument utilisé par les autres. Un ustensile. « 

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