Le rideau vient de tomber sur la 30ᵉ édition du Salon du livre de Genève. Du 27 avril au 1ᵉʳ mai 2016, la cité helvétique a honoré le livre de la plus belle des manières, comme pour célébrer ce cap symbolique. Trois décennies que Genève se distingue par la qualité de sa programmation. Cette année, l’Afrique est arrivée en bonne place parmi les activités à succès ; Afrolivresque revient sur cet événement, riche en rencontres, dédicaces, lectures, conférences, surprises et découvertes.
Le Salon africain, tous les talents réunis sous le baobab
« Afrique, patrimoine de l’humanité » était le thème du Salon Africain pour cette édition.
À cette occasion, des éminences de la littérature africaine, des historiens, des experts en art, des penseurs n’ont pas manqué de rehausser de leur présence, l’éclat de cet événement. Ce fut donc un rendez-vous de la mémoire africaine, écrite ou racontée, depuis la Préhistoire : sculpture, mode, musique, tous les pans de ce qui fonde la particularité de l’Afrique ont fait l’objet de débats, ainsi que tous leurs supports. Notons l’extension de la programmation aux « Amériques noires », avec à l’honneur les Afro-descendants et sur fond d’hommage à Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas et Frantz Fanon pour leur action en faveur du mouvement de la Négritude, le Salon Africain a accueilli des figures emblématiques de la littérature africaine et afro-descendante telles que Christiane Taubira, Scholastique Mukasonga, Rokhaya Diallo, Boualem Sansal, Alain Mabanckou, Sami Tchack, Max Lobe, Felwine Sarr, Gangeous, etc.
Hommage à Mongo Beti
Une table ronde dédiée à l’héritage de Mongo Beti a eu lieu en hommage à l’écrivain renommé. Mongo Beti s’est imposé comme intellectuel engagé à partir de son célèbre article contre Camara Laye : « Littérature noire, Afrique rose ». L’Afrique libre, c’était le combat de sa vie. Son héritage, les participants en ont débattu pour lui rendre hommag au cours d’une conférence animée par Théo Ananissoh avec le professeur Ambroise Kom et Odile Awala-Biyidi, sa veuve.
Le monde de l’édition a répondu présent
Des éditeurs venus d’Afrique, les bagages chargés d’écrivains africains talentueux et inédits à découvrir, ont marqué le Salon de leur présence comme à l’accoutumée, pour le grand plaisir des férus de littérature et de découverte, à l’instar de Présence Africaine, des Editions La Doxa et bien d’autres. Le secteur privé éditorial africain tient à gagner du terrain, même si les gouvernements n’ont pas vraiment les coudées franches en la matière.
Hemley Boum rafle la mise du livre engagé
Hemley Boum, distinguée par le jury de la CENE Littéraire pour son roman les Maquisards dans la catégorie du livre engagé, a reçu son prix, le 28 avril, en présence de Flore-Agnès Nda Zoa, présidente de la CENE littéraire et de plusieurs auteurs et personnalités. Nous avions déjà publié sur cette performance, applaudie par toute la communauté d’Afrolivresque.
Beyrouk remporte le Prix Kourouma
Beyrouk, romancier mauritanien né en 1957, est le lauréat du prix du nom du célèbre écrivain ivoirien Amadou Kourouma, pour « Le Tambour des larmes ».
La jeune Rayana, héroïne du roman, vit avec son clan dans le désert. Séduite par un ingénieur d’un camp voisin, elle se retrouve enceinte. Sa mère l’isole et l’oblige à abandonner son bébé. De retour dans le clan, Rayana ne supporte pas la vie qui lui est imposée : mariage arrangé, vie loin de son enfant… Elle s’enfuira avec le tambour sacré des Oulad Mahmoud, à la recherche de son enfant.
Aparté avec Dany Laferrière et Alain Mabanckou
Pendant une heure, le 1ᵉʳ mai, Dany Laferrière, présent au Salon pour présenter son nouveau livre « Mythologies américaines », a raconté à des interlocuteurs attentifs sur le Salon Africain, son parcours de Port-au-Prince à l’Académie française en passant par une « dérive douce » à Montréal… Un aparté vivant et fructueux qui fut l’occasion de (re)découvrir aussi bien l’écrivain que l’homme.
À ses côtés, l’un des auteurs-phare de ce Salon, Alain Mabanckou, s’est entretenu sur son parcours, qui l’a mené de son premier roman au Collège de France, conquérant ainsi le lectorat francophone dans toute sa diversité. Il faut dire qu’à eux deux (tout en notant la présence de Bernard Pivot) ils ont fait de ce moment l’un des temps fort du Salon.
Outre ces quelques temps forts qui ne sauraient enlever à la qualité des autres activités programmées sur le Salon Africain, d’autres rendez-vous ont eu lieu, notamment sur des sujets tels que le Sénégal littéraire (Felwine Sarr), le patrimoine numérique (Laréus Gangoueus), Si l’Afrique m’était contée (Koffivi AssemAnani et André-Pierre Accoh), Le Devoir de Violence (Felwine Sarr, Bi Kacou Parfait Diandué et Anthony Mangeon), Une heure avec Christiane Taubira, et bien d’autres…
Nous sommes impatients de constater les retombées d’événements tels que celui-ci, sur l’industrie africaine du livre et de l’édition.