Astou Diop est une passionnée de l’Afrique et de la littérature, animée par le désir de préserver et de transmettre les richesses culturelles africaines. Fondatrice de Vijana Collections, elle s’est engagée à offrir des supports éducatifs et ludiques pour les enfants, en mettant un accent particulier sur les berceuses et les comptines africaines. À travers ses projets, Astou cherche à combler un vide dans l’offre éducative en proposant des livres sonores authentiques et représentatifs de la diversité linguistique et culturelle du continent africain.
Née en Côte d’Ivoire, Astou Diop a déménagé au Sénégal où elle a poursuivi ses études à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Après avoir obtenu un DEUG en droit, elle s’est spécialisée en logistique et transport, et a complété ses études avec un master en ingénierie logistique en France. Sa carrière professionnelle, marquée par une solide expérience en logistique, a été enrichie par son esprit entrepreneurial et sa passion pour la lecture et la culture. En 2018, elle lance son premier commerce en ligne. Plus tard, inspirée par la naissance de son fils et son désir de lui offrir des supports éducatifs ancrés dans la culture africaine, elle crée Vijana.
Actuellement, Astou Diop mène une campagne sur Ulule pour financer la production et la distribution de nouveaux livres sonores de comptines et berceuses africaines. Grâce à cette campagne, Vijana espère à la fois atteindre ses objectifs financiers, et sensibiliser un plus large public à l’importance de préserver et de transmettre le patrimoine culturel africain aux jeunes générations.
Dans cette interview, elle partage avec nous les motivations derrière la création de Vijana, ses choix artistiques et linguistiques, ainsi que les défis qu’elle a surmontés pour mener à bien ses projets ambitieux.
Votre passion pour l’Afrique et la littérature est évidente. Qu’est-ce qui vous a motivé à lancer l’entreprise Vijana Collections et à vous concentrer sur la préservation des berceuses et des comptines africaines?
Être parent, ça donne des ailes et ça marque souvent le départ de diverses entreprises. Bercer un bébé qui fait des coliques, je vous assure que ça donne matière à réfléchir. Il y a donc sept ans, l’idée du projet VIJANA a germé en moi quand j’ai eu besoin de trouver des supports ludiques et éducatifs pour mon fils ainé. Mes recherches étaient surtout axées sur des supports sonores pour enfants. Je ne cherchais pas n’importe lesquels. Il me fallait des supports que nous pouvions utiliser au quotidien et qui reflétaient la réalité de mon vécu. J’entends par là, retrouver les comptines de mon enfance. J’entends encore mes tantes bercer tendrement mes cousins avec la fameuse berceuse « Ayo nene ». Malheureusement, j’ai vite été confrontée à la pauvreté de l’offre dans ce domaine. J’ai donc décidé de prendre les rennes et de créer mon offre, car le besoin était évident. Préserver ces acquis culturels est devenu plus que nécessaire pour moi.
Comment choisissez-vous les berceuses et comptines africaines à inclure dans vos livres sonores ?
Pour le tome 1, l’idée était de représenter les quatre points cardinaux à travers l’Afrique. Le défi a été relevé. Le second critère était le thème abordé dans la comptine. Notre public étant jeune, il faut faire attention au sens de ce qu’on leur fait chanter. Et le 3ᵉ principal critère était le choix d’une langue en perte de locuteurs afin de la faire perdurer dans le temps. Là aussi, le pari a été réussi avec l’adangbe du Ghana. Pour le tome 2, les critères de base restent les mêmes.
Quels sont les principaux messages et valeurs que vous souhaitez véhiculer à travers vos recueils sonores, pour toucher la jeunesse africaine ?
Les messages sont si nombreux et beaux que je peux presque les chanter 😊. Cette partie est à lire comme si vous écoutiez un griot déclamer un arbre généalogique :
Écoutez nos valeureuses langues africaines et laissez vous emporter par leurs vibrations…
Regardez ces magnifiques illustrations et plongez dans les détails culturels de 10 pays africains…
Utilisez les traductions pour comprendre le sens de ces belles comptines et berceuses…
Non, vous n’avez plus besoin d’écran, parcourez les pages de ce livre pour faire un fantastique voyage…
Ne vous limitez pas à vos langues d’origines, mais osez découvrir d’autres langues africaines…
Toi, jeune africain qui me lit et m’écoute, l’écriture est aussi à ta portée, n’hésite pas à lancer ton projet de réalisation de livre…
Parents de la diaspora, rétablissez de lien culturel entre vos enfants et le continent africain…
Parents du continent, renforcez de lien culturel entre vos enfants et le continent africain…
Quels ont été les principaux défis logistiques (comme le sourcing des contenus) et techniques (comme la qualité sonore) auxquels vous avez dû faire face dans la production de ces livres sonores ? Comment les avez-vous surmontés ?
Le premier défi est celui du sourcing comptines. Aujourd’hui, nous arrivons à travailler avec des associations africaines fiables pour faciliter ce volet. Il y a aussi le sourcing des interprètes. Pour le tome 2, j’ai décidé de trouver des interprètes qui allaient chanter dans leurs langues maternelles. C’était un grand défi, autant en termes de recherches que de finances. Il a été remporté avec succès, car nous avons quatre interprètes sur six qui chantent dans leurs langues maternelles pour ce tome 2. L’idée ici était la retranscription de la langue de façon respectueuse et qualitative.
Le dernier et principal défi est financier. Produire des livres de cette qualité nécessite une assise financière avérée. C’est justement ce qui m’amène actuellement à ouvrir une campagne de précommandes ou de don via la plateforme Ulule, afin de faciliter la production du tome 2.
J’invite donc toutes les personnes intéressées à participer ou partager la campagne :
Pourquoi avez-vous choisi le crowdfunding comme mode de financement pour ce projet de livre sonore de berceuses et comptines africaines ?
J’ai toujours été en étroite communication avec mon public. Car au-delà de toutes choses, Vijana ce sont avant tout des valeurs. Il m’a semblé logique de solliciter les personnes qui m’accompagnent et adhèrent à ma vision.
Comment envisagez-vous le développement futur de Vijana Collections ? Avez-vous déjà de nouveaux projets ou initiatives en tête ?
J’ai toujours rêvé grand avec grand G 😊. Alors oui, des projets, il y en a à foison. Certains n’attendent d’ailleurs que d’être édités. Mais, une chose à la fois. Pour le moment, je travaille sur le financement du tome 2.
Lien pour soutenir le projet : https://fr.ulule.com/tome-2–berceuses-et-comptines-d-afrique/